Comment les réformés affirment-ils leurs convictions?

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Comment les réformés affirment-ils leurs convictions?

19 octobre 2017
Intégrisme
Comment les réformés affirment-ils et affichent-ils leurs convictions. La pasteure Nadine Manson et le rédacteur en chef de Réformés - Le Journal livrent leur point de vue.

Clairement, en affirmant que Dieu est insaisissable!

Nadine Manson, docteure en sciences des religions et pasteure à Bienne

Par nature, les réformés ne sont pas menacés de céder à la tentation de l’intégrisme pur et dur. En effet, pour nous, Dieu dépasse toutes les réalités tangibles et se situe au-delà de nos mots et pensées: au-delà des bâtiments (église, synagogue, mosquée), au-delà de toute religion. Nous, réformés, conjuguons notre foi sans prétendre être les seuls à disposer de Dieu. Néanmoins, ce profil clair est en équilibre fragile. Selon les sujets de société et les questions théologiques, il glisse tantôt vers un durcissement tantôt vers une dissolution autour de nos convictions. Dissolution dans un tout, car aimer son prochain, avec ou sans Dieu, est à la portée de chacun. Durcissement des convictions lorsqu’il est question d’égalité entre femmes et hommes devant Dieu : impensable de remettre en cause l’accès au ministère pastoral des femmes.

Funambule entre ces deux périls, la foi réformée apprend que l’équilibre stationnaire est impossible. Croire sera toujours un mouvement. Croire est un équilibre vivant à trouver devant Dieu et dans le monde. Le monde créé par Dieu est pluriel, notre foi est cette poursuite de notre accomplissement personnel dans cette diversité. Il s’agit d’être singulier, soi, unique parmi d’autres qui sont différents et pensent autrement que nous. Et grâce à une foi qui se sonde sans cesse, il s’agit d’aspirer à aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée, et son prochain comme soi-même. 

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Vaguement, car ils craignent de paraître intégristes...

Gilles Bourquin, téologien et rédacteur en chef de Réformés

Avec la Bible pour repère central (sola scriptura), les Réformateurs du XVIe siècle ont redéfini les principales notions de la foi chrétienne. Le dialogue interreligieux ne jouait pas un grand rôle à leur époque. A l’inverse, la société pluraliste actuelle exige un énorme effort de conciliation entre les religions. De nombreux réformés craignent qu’un attachement trop exclusif à la Bible ne paraisse intégriste. A un repli sectaire, et même à l’Eglise confessante, certains préfèrent une quête universelle de sens. On peut dès lors se demander si, pour ne pas paraître intégristes, les réformés concilient leur foi chrétienne et le pluralisme religieux.

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