Amandine et la bénédiction de partenaires de même sexe

Manifeste bleu du Rassemblement pour un renouveau réformé (R3)
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Manifeste bleu du Rassemblement pour un renouveau réformé (R3)

Amandine et la bénédiction de partenaires de même sexe

17 juillet 2019

Le site  réformés.ch propose une vidéo consacrée à la délicate question de « l'orientation sexuelle». Après une interview de Caroline Costa, Amandine aspire à des éclaircissements concernant le Manifeste bleu du Rassemblement pour un renouveau réformé (R3). Ce qui nous semblait impossible à réaliser en 2 minutes de vidéo, je vous le propose en 2 pages !

 

Commençons par deux remarques préliminaires :

- Le positionnement que l’on adopte à l’égard de l’homosexualité dépend étroitement du positionnement - plus ou moins libéral ou littéral - que l’on adopte à l’égard de la Bible.

Et réciproquement : si on a un ami, une fille, un prof qui a une orientation homosexuelle, on sera plus ou moins libéral ou littéral dans son approche de la Bible sur ce sujet. Le R3 adopte une approche classique de la Bible : nous permettons à la Bible d’informer et de critiquer nos comportements. Sola Scriptura !

- En abordant cette question, on touche à une corde sensible pour beaucoup de personnes directement concernées. Il est donc impératif de commencer par rappeler une des déclarations essentielles du Manifeste bleu : « Nous sommes convaincus que chaque personne particulière doit être accueillie avec respect dans sa singularité et accompagnée pastoralement avec la plus grande sensibilité. » (p.32). Ou encore : «  Nous accueillons l’aspiration de chacune de ces personnes à être aimée telle qu’elle est et à avoir sa place dans la communauté chrétienne » (p.32).

 

Il faut bien entendre cet accueil de chacun-e dans sa singularité avant d’entendre la suite de notre positionnement :

« En même temps, nous ne pouvons pas offrir un rite ecclésial de bénédiction pour un couple de même sexe. Et cela, par respect pour les textes bibliques tels que nous les comprenons, qui mettent en cause les pratiques homosexuelles (Lévitique 18/22 ; 20/13 ; Romains 1/26-27 ; 1 Corinthiens 6/9-10 ; 1 Timothée 1/9-11) » (p.32).

 

On nous dira : « Il ne s’agit que de quelques textes de l’Ancien Testament : Lv 18,22 ; Lv 20, 11-13. Si on prenait littéralement ces textes, on devrait donc aussi lapider un fils désobéissant ! » L’argument serait imparable s’il ne s’agissait que du Lévitique. Mais cette condamnation des actes homosexuels est reprise par Paul, l’apôtre de la grâce : Rm 1, 23-27 ; 1 Co 6,9-11. Nous ne pouvons donc pas disqualifier si facilement ces textes.

 

On nous dira : « Les relations homosexuelles à l’époque de Paul (dominant-dominé) n’ont rien à voir avec un couple homosexuel d’aujourd’hui».

Peut-être… Mais les auteurs bibliques ne se basent pas sur l’argument de la domination pour exclure les relations entre personnes de même sexe. Markus Zehnder, professeur d’Ancien Testament en Norvège, est catégorique : « Il est exclu qu’en déclarant les actes sexuels « contre nature », Paul ait eu à l’esprit le point de vue gréco-romain soucieux d’attribuer correctement les rôles actif et passif dans le rapport sexuel. En effet, d’une part il se réfère à l’ordre créationnel de Genèse 1 et, d’autre part, en 1 Corinthiens 7, il souligne clairement qu’homme et femme ont les mêmes droits réciproques sur le corps de l’autre. » (Revue théologique Hokhma, No 93/2008, p.98).

 

Voir aussi le livre d’Innocent Himbaza, Adrien Schenker et Jean-Baptiste Edart (Clarifications sur l’homosexualité dans la Bible) concernant Romains 1: « Si la condamnation des actes homosexuels repose sur la théologie de la création, il ne peut être question de rapports imposés, qui seraient condamnables, ou choisis qui seraient acceptables… D’ailleurs… rien dans le texte ne permet de soutenir la thèse de la relation sexuelle imposée par force » (p. 105).

 

On nous dira : « Il ne s’agit que de 4 ou 5 textes de la Bible… ».

Si l’on veut faire intervenir l’arithmétique comme critère théologique, il faudrait  comptabiliser aussi tous les textes qui nourrissent la conception biblique du couple ! Et là, il devient clair que la Bible nous appelle très clairement à privilégier le couple hétérosexuel et monogame. Les déclarations de l’apôtre Paul sont particulièrement fortes à cet égard : « Pour éviter tout dérèglement, que chaque homme ait sa femme et chaque femme son mari » (1 Co 7,2).

 

Amandine semble avoir de la peine à comprendre cette affirmation du Manifeste bleu : « A la différence d’un couple hétérosexuel, un couple homosexuel est, selon nous, incomplet car il exclut de la relation l’altérité et l’union entre un homme et une femme et il exclut de la relation sexuelle la possibilité même d’engendrer un enfant » (p.32).

Le terme d’altérité désigne ici la différence fondamentale - irréductible et en même temps magnifiquement complémentaire - entre un homme et une femme. Par définition, un couple homosexuel exclut cette altérité (et par la même occasion la fécondité qui peut en découler). Et ce déficit d’altérité n’est pas un détail… comme le montre Jean-Baptiste Edart dans l’ouvrage collectif Clarifications sur l’homosexualité dans la Bible : « Paul considère que la différence sexuelle est voulue par le Créateur, et qu’elle est une structure fondamentale de l’être humain, caractéristique niée dans l’acte homosexuel » (p.92).

 

La grande difficulté est de parvenir à tenir ensemble l’accueil respectueux de chacun-e, quelle que soit son orientation sexuelle, et le refus d’un rite pour couples de même sexe. Ce refus sera presque toujours compris comme un jugement voire un rejet… Un détour par la polygamie permettra peut-être de comprendre comment on peut respecter une personne sans pour autant bénir sa forme de conjugalité.

La polygamie est une « orientation sexuelle » couramment pratiquée, aujourd’hui comme hier, en Suisse comme en Afrique, même si elle prend des formes variables. L’homme semble avoir de la peine à se contenter de la relation sexuelle avec une seule femme. D’où un grand nombre de mises en garde bibliques contre la convoitise, l’adultère ou la prostitution. Remarquons à ce sujet qu’à l’aune de la Bible il ne suffit pas que les partenaires soient consentants pour que leur union soit acceptable, comme semble le suggérer la vidéo d’Amandine…

La polygamie est pratiquée dans la Bible elle-même et par des personnages aussi respectables et bénis qu’Abraham, Isaac, Jacob, David ou Salomon. Il n’y a cependant aucun rite pour partenaires polygames dans les Eglises que je connais. Nous pouvons sincèrement respecter ces personnes sans pour autant approuver leur forme de conjugalité. Ce refus n’implique aucun jugement sur la personne d’Abraham ou David. Il exprime simplement le choix de valider et valoriser le couple monogame préconisé par le Nouveau Testament. C’est ce choix que le Rassemblement pour un renouveau réformé exprime dans son Manifeste bleu.

 

Gérard Pella, juillet 2019

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