«Démasculiniser» Dieu, un mélange des genres théologiques

Après le sexe des anges, le genre de Dieu interroge / IStock
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Après le sexe des anges, le genre de Dieu interroge
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«Démasculiniser» Dieu, un mélange des genres théologiques

21 février 2022

Ce qui aurait pu passer inaperçu dans le paysage protestant romand a fait l’effet d’une petite bombe. Le travail d’une commission de la Compagnie des Pasteurs et Diacres de l’Église Protestante de Genève, mis sur le devant de la scène par un article dans Le Temps de Protestinfo, a suscité émois, commentaires, courriers de lecteurs, débat à Forum et mise au point de Laurence Mottier la modératrice. Sans doute, cette dernière et l’EPG avec elle, ne se doutaient-ils pas que le public réagirait de façon aussi virulente.

Un débat sur Dieu dans l’espace public est trop rare pour ne pas être souligné. En soi c’est une occasion de s’interroger, de débattre, avec passion ou indignation, pourquoi pas. Ce qu’il faut souhaiter c’est que les échanges permettent aux uns et aux autres de s’exprimer, de faire valoir leurs préoccupations, leurs lectures de la Bible, les richesses de leurs traditions spirituelles, les accents de leur piété, leurs combats pour la liberté.

"De quoi parle-t-on au juste ? Des auteurs de la liturgie, du destinataire de la liturgie ou du langage liturgique."

Ce qui s’annonce très compliqué dans le débat lancé par la Compagnie des Pasteurs et Diacres, c’est le mélange des genres, non pas anthropologique, entre hommes et femmes, comme pourraient le faire croire les accents féministes de certain(e)s ministres et le lien aux revendications de la grève des femmes à l’origine du travail de la commission. Ce qui est difficile c’est le mélange des genres théologique qui se trouve dans le titre même du « mandat d’origine » : « La représentation de Dieu au-delà du genre dans le langage liturgique ». De quoi parle-t-on au juste ? Des auteurs de la liturgie, du destinataire de la liturgie ou du langage liturgique. Ce n’est pas la même chose, mais c’est intimement lié.

Si l’on parle des auteurs de la liturgie, la question de la présence d’autrices est pertinente, pour que l’expérience des femmes se retrouve dans les mots choisis, les sensibilités prises en compte. Ce qui a commencé depuis de nombreuses années déjà, à Genève en particulier, que l’on songe aux plumes de Francine Carillo, Lytta Basset ou de la regrettée Suzanne Schell. Si l’on parle du destinataire de la liturgie, Dieu, la question de son genre est sans fondement ; aucune représentation directe n’est possible, genrée ou non. Si l’on parle du langage de la liturgie, il est le fruit de longs processus de transmission via les sources bibliques et liturgiques, le ou la célébrante et l’expérience croyante de la communauté. In fine le langage appartient à ceux qui le pratiquent, comme miroir de leurs expériences et lien à celles de ceux qui les ont précédés. En ce sens les vives réactions du public, masculin et féminin, participent du débat.

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