Journal Réformés: adieu ?

La fin du journal Réformés ?
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La fin du journal Réformés ?

Journal Réformés: adieu ?

3 avril 2024

La veille de Pâques, un vilain lièvre, soulevé par Jacques Poget dans sa chronique du samedi matin sur Espace 2 [1], s'est glissé parmi les lapins. Jacques Poget a fait connaître le choix des exécutifs des Eglises réformées romandes : supprimer le journal Réformés ! En bon journaliste, Jacques Poget nous a communiqué une information solide : j'ai pu le constater en la vérifiant auprès de deux autres sources bien informées, elles aussi.

Quel choc ! Certes les difficultés financières des Eglises réformées sont réelles et ce journal coûte cher. Mais supprimer ce journal sans dialogue avec ceux qui le font vivre, journalistes et lecteurs, n'est-ce pas laisser toute la place au dieu

Mammon ?

La rédaction de Réformés a proposé des mesures qui permettraient d'économiser plus d'un quart du coût du journal. Leur proposition a été écartée, sans même avoir été discutée avec eux. Cette absence de contact est d'autant plus choquante que ces personnes risquent la perte de leur emploi. Un employeur responsable - cela existe ! - aurait fait une telle démarche. Certes nos autorités ne sont guère formées au difficile rôle d'employeur. Elles auraient néanmoins pu se souvenir de la Règle d'or, rappelée par Jésus : " (...)  tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes ". (Mt 7,12).

Le choix de nos autorités exécutives est d'autant plus surprenant qu'un sondage récent, cité par Jacques Poget, montre que Réformés est lu par 48% des protestants actifs et par 27% de celles et ceux qu’on appelle des « protestants culturels ».

Le sort de Réformés concerne l'ensemble de nos Eglises réformées romandes et devra être soumis à leurs Synodes. Espérons que nos parlements seront attentifs à ses enjeux théologiques. La communication - au vrai sens du terme - n'a pas pour seul but d'assurer notre place dans l'espace public, comme c'est le cas pour celle de n'importe quelle entreprise commerciale. Son premier but devrait être d'annoncer la victoire de la Vie sur la mort dans la personne du Christ, mort et ressuscité ! Dans notre société qui détruit l'humanité et saccage l'environnement, un tel message est absolument essentiel. Il est le fondement de notre espérance et de nos engagements.

Comme le souligne Klauspeter Blaser[2], l'Eglise n'existe que par sa mission. C'est vrai non seulement théologiquement mais aussi pratiquement. Si elle ne vit plus que par sa gestion, elle devient un sel qui a perdu sa saveur[3] et un buisson sur lequel il ne pousse plus rien de bon [4].

Comment comprendre la démarche de nos autorités ? Après avoir écarté nos professionnels, vont-elles aussi écarter une bonne partie des personnes engagées dans nos Eglises en n'envisageant plus qu'une communication par internet ? Ces personnes sont certes en majorité âgées mais n'ont-elles pas droit au respect ?

Quelle solution pourrait-on imaginer pour l'avenir ? Nous pourrions nous inspirer du courage des réformés français qui, malgré des moyens très limités, publient le journal Réforme dont l'impact dépasse largement les membres de leur Eglise, grâce notamment à une rédaction de qualité qui bénéficie d'une totale liberté. Leur publication est sur abonnement : n'est-il pas légitime de demander une contribution aux personnes qui la lisent ? Pour ma part, je proposerais que soit seulement mentionné un prix indicatif ou un prix minimum très bas, avec une invitation à verser davantage pour les personnes qui le peuvent.

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[1]  https://www.rts.ch/play/radio/redirect/detail/14782138?startTime=5023  (1h23'43'' : accès direct sur le grand rectangle allongé en bas de page)

[2] Voir son livre : Signe et instrument. Approche protestante de l'Eglise. Ed. Universitaires, Fribourg, 2000

[3] Matthieu 5,13

[4] Matthieu 7,19

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