Ecoute, j’ai des choses à te dire

i
[pas de légende]

Ecoute, j’ai des choses à te dire

19 novembre 2022
Billet de Matthieu Mérillat, pasteur à Porrentruy, paru dans le Journal du Jura, le samedi 19 novembre.

Je boucle la valise, je vais pour prendre le car, je demande à l’employé : « Pour Caen, quelle heure ? »

Il me dit : « Pour où ? »

Je dis : « Pour Caen »

Il me dit : « Comment voulez-vous que je vous dise quand si vous n’avez pas dit où ? »

Je lui dit : « Comment, vous ne savez pas où est Caen ? »

L’humoriste Raymond Devos, célèbre pour ses jeux de mots, sait nous amuser, nous faire rire. Son sketch « A Caen, les vacances », exprime les particularités du langage et par-là, les ambiguïtés qu’il peut engendrer.

Le langage est précieux dans nos vies parce qu’il fait de nous des êtres de communication. Le psychologue P. Watzlawick dit pertinemment qu’il est impossible de ne pas communiquer. Dans toute communication, il y a deux aspects : le contenu et la relation. Si je communique, je m’engage à écouter. Je vais accueillir la parole certes, mais aussi tout ce que le non-verbal va exprimer. Un regard, une main tendue, un sourire…

Savons-nous, dans nos relations aux autres, entrer véritablement en contact ? Nous parlons de la pluie, du beau temps, des enfants, du travail, des loisirs, des vacances. Souvent le flot de nos paroles étourdit l’interlocuteur. Et il ne faut surtout pas paraître fatigués, stressés, découragés ou malades…

Et l’écoute dans tout cela ? La véritable écoute c’est celle qui fait preuve d’empathie, celle qui s’ouvre aux émotions et leur accorde du sens, celle qui accueille, celle qui entend, celle qui ne juge pas, celle qui respecte, celle qui rejoint, celle qui construit la confiance, celle qui accepte les différences, celle qui n’impose pas.

Certes, l’écoute est exigeante. Elle demande une disponibilité intérieure. Faire silence en soi, à l’image d’Elie, dans sa grotte, qui se met à l’écoute d’un murmure doux et léger (1 Rois 19, 12-13). Faire silence en soi, c’est être réceptif, c’est laisser de la place pour la parole de l’autre.

Tout prochainement, nous entrerons dans la période de l’Avent. Et si chaque jour de ce temps devenait une porte d’un calendrier qui s’ouvre pour offrir à celles et à ceux que nous rencontrerons la chance d’être entendu·es.