Le retour de la Bible n’est pas sans danger

i
[pas de légende]

Le retour de la Bible n’est pas sans danger

Approche biblique ouverte avec le pasteur de Rondchâtel Gilles Bourquin. Billet paru dans le Journal du Jura du 11 mars.

Plaider pour un retour à la Bible, ce fut l’option choisie par les Réformateurs du XVIe siècle, Luther, Zwingli, Farel, Calvin, etc. Ils sont à l’origine des multiples formes actuelles du protestantisme, souvent opposées les unes aux autres. Nous savons aujourd’hui que la densité du message biblique comporte à la fois des atouts et des risques. Bien souvent, les textes bibliques ont une longueur d’avance sur nos questionnements. Ils nous interpellent par leur faculté à illustrer l’essentiel de la réalité en très peu de mots. Ainsi, leur lecture peut encourager, stimuler, avertir, orienter notre quotidien.

Mais la force de ces textes est aussi à l’origine d’un danger : si elle est enseignée comme étant l’unique source de vérité, la Bible devient un piège qui nous emprisonne. Le biblicisme, c’est cette doctrine qui enseigne que la Bible est parfaitement autosuffisante, qu’elle contient toutes les réponses dont l’homme a besoin. Ainsi, l’Evangile devient autoritaire et exclusif, il empêche de confronter des avis différents… et interdit de penser la foi chrétienne en lien à d’autres sources de vérité, comme la psychologie, par exemple.

Or, le mot Bible en grec, « Ta Biblia », est un pluriel qui signifie « Les Livres ». S’ils n’étaient pas très différents, un seul des quatre Evangiles du Nouveau Testament aurait suffi. En fait, la Bible ne fait pas partie de la Bible : aucun des livres qui constituent le Nouveau Testament n’a été écrit pour en faire partie, et aucun d’eux ne le mentionne, car le projet de créer ce recueil n’existait pas encore lors de leur rédaction. L’épître de Paul aux Romains, par exemple, a été adressée aux Romains, et pas à nous. Puis, au cours des trois premiers siècles après Jésus-Christ, les Eglises chrétiennes ont effectué avec peine une sélection des écrits les plus représentatifs, qui a donné progressivement naissance au Nouveau Testament actuel, plusieurs siècles après Jésus.

Selon la Bible, Dieu nous parle, mais il n’est pas exact d’affirmer que la Bible est « la Parole de Dieu ». L’Evangile de Jean enseigne que « la Parole est devenue chair » et non qu’elle est devenue papier ! C’est le Christ qui est, selon cet Evangile, Parole divine, et non pas « Les Livres » ! Dans cette perspective, l’apôtre Paul distingue la lettre, qui tue, et l’Esprit, qui vivifie. Combien de personnes sont mortes pour des querelles religieuses, tant le sens profond de ces Ecritures est difficile à trouver !

Plus d'articles sur le blog de Gilles Bourquin.