La pause de midi se termine, chacune et chacun regagne l’atelier qui lui correspond dans un joyeux brouhaha. En ce samedi de début d’automne, l’heure est aux répétitions du spectacle musical «Vevey 1688». Dans la salle de répétition de danse, la costumière et auteure des textes, Katia Baechler, fait découvrir les premiers essais de costumes qu’elle a imaginés, pendant que la chorégraphe Cherene Grünberg entame l’échauffement.

Rubans colorés, pas comptés, rigueur et bonne humeur: les styles de danse se mêlent – moderne, cancan, ou encore danse contemporaine. «Ce sera varié!» s’enthousiasme Cherene Grünberg avec le sourire. «On a une vraie opportunité de créer ensemble un spectacle musical», se réjouit Olaf, participant del’atelier danse.

Une aventure collective
Depuis le mois de septembre, plus de huitante personnes – choristes, danseurs, comédiens et musiciens – se retrouvent deux fois par mois pour donner vie à cette création inédite du collectif Immersif. À l’origine du projet, deux passionnés: Cyril Ansermet, comédien professionnel, dirige la partie théâtrale, tandis que Benoît Dubray assure la direction musicale.

Tout est parti d’une simple promenade: lors d’une visite de Vevey, Benoît découvre qu’un tiers de la population locale est d’origine huguenote. Cette révélation le touche et trouve un écho immédiat chez Cyril. Cette découverte fait naître l’idée du spectacle, lancée concrètement en juin 2023. «Parler de l’accueil, de cette thématique locale, nous tenait particulièrement à coeur, expliquent les deux organisateurs. Et puis, on voulait aussi montrer quelque chose de beau. Dès le début, l’objectif était de rassembler, d’offrir un message d’espoir et de beauté autour de Noël.» 

Un pan de l’histoire locale mise en musique 
Car «Vevey 1688» plonge au coeur d’une page méconnue du passé local. L’édit de Nantes vient d’être révoqué, et les réfugiés huguenots affluent à Vevey pour fuir les persécutions. La ville devient terre d’accueil malgré la pauvreté et le manque de blé. Marie, venue avec son fils Louis, trouve refuge à l’hôpital du Vieux-Mazel.
Couturière le jour, elle écrit la nuit à son mari condamné aux galères. Portée par les chants, les danses et les tableaux scéniques, cette fresque raconte la générosité, l’entraide et la foi. Pour Katia Baechler, enseignante de formation et descendante d’une huguenote, l’histoire résonne profondément: «C’est la première fois que j’écris une pièce pour un spectacle. J’ai dû me plonger dans les archives, relire l’histoire, puis choisir des tableaux, car on ne pouvait pas tout montrer.»

Des participants conquis
Les artistes, eux, vivent cette aventure comme un souffle d’énergie. Aline, chanteuse, confie: «C’est génial de jouer à Vevey
Le contexte historique m’a tout de suite attirée.» Une autre chanteuse souligne le rythme du projet: «Quatre mois de répétitions, c’est court mais intense, pas d’engagement sur le long terme, ça motive encore plus.» Et chacun repart le sourire aux lèvres, conscient de participer à quelque chose de plus grand. «On s’éclate, c’est dynamisant», résument Benoît et Cyril.