L'Église protestante allemande veut envoyer son propre navire en Méditerranée

Image d'illustration / © iStock/Rich Townsend
i
Image d'illustration
© iStock/Rich Townsend

L'Église protestante allemande veut envoyer son propre navire en Méditerranée

epd/Protestinter
17 septembre 2019
En Allemagne, l’Église protestante a décidé de fonder une association qui financera son propre navire de sauvetage en Méditerranée. Un projet à plusieurs millions pour lequel elle compte s’allier à plusieurs institutions religieuses et ONG.

L'Église protestante en Allemagne (EKD) veut participer au sauvetage en mer Méditerranée avec son propre navire. «Nous n’acceptons pas que les gens continuent de se noyer là-bas», a déclaré le président du Conseil de l’EKD, Heinrich Bedford-Strohm, le 12 septembre à Berlin. Avec d'autres organisations, l'EKD veut fonder une association qui achète, reconstruit et exploite son propre navire. Selon le président, cette alliance comprend de nombreuses institutions et organisations, y compris des paroisses et des clubs sportifs. Heinrich Bedford-Strohm prévoit un montant de six à sept chiffres pour réaliser cette campagne.

L'idée d'envoyer son propre bateau en Méditerranée est discutée au sein de l'EKD depuis le Kirchentag (jour de l’Église) de Dortmund de juin dernier. Une résolution du mouvement laïque qui avait appelé l'EKD à lancer sa propre mission de sauvetage. Le 13 septembre, le Conseil de l’EKD a décidé de fonder l’association. «Nous envoyons un signal clair. Quelle que soit la raison pour laquelle les gens sont en danger de mort, il y a un devoir d'aider: le besoin n'a pas de nationalité», a affirmé Heinrich Bedford-Strohm. Dans cette situation, l'Église n'est pas un acteur politique, mais un «acteur diaconal», a-t-il souligné.

Débat européen

Le sauvetage en mer Méditerranée est une question controversée entre les États membres de l'Union européenne (UE). Sous la direction du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, qui n'est aujourd’hui plus en fonction, l'Italie a refusé à plusieurs reprises d'autoriser l’entrée dans les ports aux navires de sauvetage. Certains équipages et personnes secourues ont dû attendre sur l'eau pendant des semaines. L'Allemagne compte sur les États membres de l'UE pour se mettre d'accord sur une répartition des personnes sauvées, car l'Italie ne veut pas être seule à payer pour les personnes débarquées. Cette semaine, le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, rencontrera la nouvelle ministre italienne de l'Intérieur Luciana Lamorgese à Berlin. Le 23 septembre, certains ministres de l'Intérieur de l'UE se réuniront à Malte pour se pencher sur la question.

S’allier pour sauver

Heinrich Bedford-Strohm a présenté la décision de l’EKD de construire son propre bateau avec des représentants de Médecins sans frontières, des organisations Seebrücke et Sea-Eye ainsi que le maire de Potsdam, Mike Schubert. La capitale brandebourgeoise fait partie de l'alliance Cities of Safe Harbours, qui, en tant que communes, propose d'accueillir des réfugiés supplémentaires.

La liste des organisations exactes qui cofonderont l'association n’est pas encore fixée. Le président du Conseil de l’EKD espère obtenir le soutien de l'Église catholique. Le président de la Conférence épiscopale allemande, Matthias Kopp, s'est d'abord exprimé avec prudence, saluant l'engagement de l'EKD et précisant que le sauvetage en mer demeure une préoccupation importante pour l’Église catholique. «En plus de ce projet protestant, il y aura encore des activités du côté catholique dans ce domaine», a-t-il ajouté, sans donner d'autres informations concrètes. Impossible également de savoir avec certitude qui assumera les coûts et quelle sera leur répartition. L’EKD avait annoncé qu'elle ferait un don de 16'000 francs pour un navire de sauvetage en mer. Elle a déjà soutenu financièrement l'avion de reconnaissance Moonbird en Méditerranée.

Côté politique, les Verts ont salué l’initiative de l’Église qui donne ainsi le bon exemple. Le Kirchentag s'est également félicité, dans une déclaration que l'EKD se conforme à sa demande.