Le pasteur genevois Philippe Golaz propose des cultes interactifs

© Anne Buloz
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© Anne Buloz

Le pasteur genevois Philippe Golaz propose des cultes interactifs

Pasteur à Meyrin, Philippe Golaz propose des cultes en direct et en vidéo sur le réseau social Facebook.

À peine 48 heures après l’officialisation de l’annulation de tous les cultes dans le canton de Genève, Philippe Golaz a présenté un premier culte interactif en streaming sur Facebook, dimanche 15 mars. Une offre qui perdurera aussi longtemps que nécessaire, chaque dimanche à 11h, sur la page «Paroisse protestante de Meyrin».

Pour son premier culte à huis clos, Philippe Golaz est arrivé au Centre paroissial œcuménique de Meyrin dès 8h30 afin d’être certain que tout fonctionne au moment de lancer le direct. Le dimanche suivant, il a pris à peine moins de marge pour installer trépieds, lampes, micro, son smartphone pour retransmettre la célébration, son ordinateur portable pour lancer les moments musicaux et lire les commentaires et s’assurer de n’avoir rien oublié.

Une énergie folle pour tout réinventer

Bien que toutes les activités paroissiales aient été annulées pour une durée indéterminée, le pasteur n’est, de loin, pas désœuvré. Tout comme ses confrères et consœurs…: «Effectivement, pour ceux qui avaient d’abord cru pouvoir se reposer un peu, c’est loin d’être le cas! Nous avons tous investi une énergie folle pour repenser ou inventer plein de choses en à peine quelques jours. En plus, en étant souvent très seuls puisque la majorité de nos bénévoles sont des personnes âgées.»

Philippe Golaz a passé une bonne partie de son temps à préparer ses deux premiers cultes dominicaux en streaming. Heureusement, côté technique, il ne partait pas de trop loin: «J’aime bien l’informatique et bidouiller plein de choses. Mais même si j’ai du plaisir avec cet univers, je ne maîtrise que certaines choses.» Il lui a fallu apprendre, en un temps record, à utiliser certains logiciels et à chercher, par exemple, comment afficher les paroles des chants pour que les spectateurs puissent les chanter. Pour s’assurer du résultat, il a effectué, durant la semaine, des tests à distance avec la secrétaire de la paroisse de Meyrin!

Faire Église autrement

Son objectif premier est de trouver une autre façon de faire Église durant cette période de confinement, de maintenir le lien qui rassemble en temps normal et de permettre aux gens d’être réunis différemment. Il a choisi l’outil qu’est Facebook live pour l’interaction qu’il permet, contrairement aux cultes proposés à la télévision ou à la radio. Les personnes ne possédant pas de compte Facebook peuvent malgré tout regarder les cultes, mais sans interagir.

«Pour moi, il était important que les gens puissent participer au culte, comme s’ils étaient à l’Église. Ils peuvent répondre à mes questions en direct en utilisant la fonction de commentaire, envoyer une intention de prière, mettre un cœur ou un pouce levé qui apparaissent sur l’écran», précise Philippe Golaz. Un moment d’échanges est également prévu à la fin du culte. À la demande des paroissiens, il a également ajouté des chants pour sa deuxième célébration. Son beau-père, organiste, a enregistré de son côté toute une série de musiques.

Format pensé pour un «live» interactif

Le fond et la forme de ce culte sont conçus spécialement pour ce médium. La célébration est évidemment plus courte qu’à l’accoutumée, une grosse demi-heure. Le pasteur en a également adapté le contenu: «J’utilise une traduction de la Bible plus simple afin que la lecture soit plus accessible. Je suis également attentif à ce que la prédication soit compréhensible pour le plus grand nombre. J’essaie également d’être plus dynamique avec différents plans à la place du plan unique du premier culte».

Cette proposition inédite parle en tout cas largement aux paroissiens. Plus de 100 appareils étaient connectés lors du direct de 15 mars — il n’avait pas pu prendre toutes les intentions de prière tellement elles étaient nombreuses —, pour un total de plus de 1100 vues, le culte pouvant encore être regardé. Dimanche dernier, les chiffres étaient encore plus élevés, avec 112 appareils connectés en direct et, notamment, 150 interactions durant la célébration. En temps normal, le temple de Meyrin, qui peut accueillir 80 personnes, n’est plein que 3 ou 4 fois par année…

Culte intégré dans les quotidiens

Ces chiffres plus qu’encourageants, Philippe Golaz ne s’y attendait pas: «Je m’étais dit que je serais content si 15 personnes me suivaient. C’est plus ou moins le nombre de nos paroissiens ayant un compte Facebook. En fait, des gens se sont connectés de bien plus loin, même d’Arles! Les retours sont très positifs. J’ai, notamment, reçu une photo d’un fidèle qui prenait l’apéro en famille en regardant le culte». Cette célébration est déjà intégrée dans certains quotidiens. 

D’autres lui ont écrit qu’ils n’avaient pas participé à un culte depuis des années. Qu’ils avaient ressenti le besoin d’aller dans une Église juste au moment où elles fermaient… Que du coup, ils ne savaient pas où se tourner et qu’ils étaient heureux d’avoir trouvé cette possibilité. Que cela leur avait vraiment fait du bien. «Cela peut contribuer à sortir certaines personnes d’un isolement qui pèsera de plus en plus au fil des semaines», se réjouit Philippe Golaz.

Rendez-vous

Dimanche prochain — le 29 mars à 11h — ce sera au tour d’un autre pasteur de la Région Rhône-Mandement, Nicolas Genequand, d’assurer ce culte internet en streaming.