Un rendez-vous avec la vie nouvelle

© Mathieu Paillard
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© Mathieu Paillard

Un rendez-vous avec la vie nouvelle

Agnès Thuégaz
7 juillet 2020
Changement
Une crise sanitaire, économique, climatique, sociale…! Dans le concert assourdissant des cris d’une humanité et d’une terre meurtries, s’élève la voix d’une promesse, la voie d’une absolue nouveauté.

C’est la croisée des chemins. Des choix s’imposent parce qu’il est insupportable de subir l’incertitude et l’impuissance face à des déséquilibres majeurs. La crise est un moment critique et ambivalent, entre les risques et une chance. Où puiser le courage nécessaire pour reconnaître le souffle de la vie, le potentiel créateur qui fendille les résistances? Comment se risquer à croire que quelque chose de neuf est possible? Cela bruisse à l’intérieur, dans le silence du coeur, dans ce lieu secret où naît la rencontre. C’est un murmure discret qui parle à l’être, qui nomme, et cela advient. Lorsque la tempête fait rage à l’extérieur, que les éléments se déchaînent, un retour à soi permet l’écoute de l’essentiel. Il suffit de quelques instants volés, de quelques pas de côté, d’une halte sous un arbre entre deux rendez-vous…

«Voici, je fais toutes choses nouvelles» (Apocalypse 21, 5b). Et si cette Parole nous était adressée aujourd’hui, comme un présent qui nous est déjà offert? Voici, nous avons rendez-vous. La puissance d’amour est à l’œuvre, elle est agissante. Elle travaille la matière, la pétrit et lui donne une forme nouvelle. Le souffle créateur s’active sans distinction, pour toutes choses. Croyons-nous que tout est encore possible? La nostalgie du passé s’en mêle, c’était mieux avant. La croyance dans le progrès riposte, c’est mieux qu’avant! Le sillon de la répétition se creuse, faire toujours plus la même chose. Dire que la nouveauté est promise à notre pâte humaine! Elle perce au cœur de l’intime. Ce n’est pas une question de temps ni de qualité. C’est juste de l’ordre d’un don inconditionnel au sein d’une relation. Le prophète Esaïe l’annonçait déjà: «Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne; ne le reconnaîtrez-vous pas » (43, 19a). Au cœur de la crise mondiale que nous traversons, nous avons rendez-vous avec une promesse qui se réalise, transforme et libère la vie. Cela nous concerne chacun·e personnellement, en dehors de toute comparaison, de tout jugement, de toute condamnation. La diversité de la vie nouvelle est sans mesure. Réjouissons-nous et émerveillons-nous de la voir à l’œuvre. Entrons dans le temps de Dieu, là où tout est possible à nouveau, dans la confiance qu’il nous est donné de déjà y goûter et dans l’espérance de ce qui peut encore advenir.

Dieu fait du neuf avec nos histoires usées,
trouées, déchirées. Il accueille dans sa tendresse infinie tout ce qui a été et le transforme en
terreau pour une vie nouvelle.

PRIÈRE
« Personne ne coud une pièce d’étoffe
neuve à un vieux vêtement ;
sinon le morceau neuf qu’on ajoute
tire sur le vieux vêtement,
et la déchirure est pire.»

La vibration de la vie
fait frissonner la trame.
Dans une danse agile
les liens se tissent.
Le souffle joue
entre les brins.
Du frottement
naît une mélodie.
La nouveauté jaillit
du coeur libéré.
Le passé dévoilé
dessine la promesse.
Le délicat motif
d’un infini possible.
(Marc 2, 21)

L’auteure de cette page 

Agnès Thuégaz, mariée et mère de trois adolescents, est pasteure dans la paroisse du Coude du Rhône Martigny-Saxon. Sa vocation se nourrit de son premier métier d’éducatrice spécialisée et de son expérience d’envoyée DM-échange et mission pendant trois ans au Cameroun.