Les Églises appelées à défendre le loup

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Les Églises appelées à défendre le loup

3 septembre 2020
Œco Églises et environnement, l’association qui sensibilise les Églises en matière d’écologie, se prononce contre la révision de la Loi sur la chasse, soumise au peuple le 27 septembre. Une position basée sur l’importance de toutes les créatures.

«Cette révision de la loi sur la chasse va à l’encontre de la biodiversité, envers laquelle nous avons une responsabilité en tant qu'êtres humains», affirme Kurt Zaugg-Ott, le secrétaire de Œco Églises et environnement qui conseille les Églises sur les questions d’écologie. L’association œcuménique, qui regroupe 600 paroisses en Suisse, appelle à rejeter la révision de la «Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages» qui sera votée le 27 septembre prochain. Une position qui rejoint celle des organisations de protection de la nature qui ont lancé le référendum contre cette révision et ainsi engendré la votation populaire.

La loi actuelle date de 1986. Les modifications proposées concernent la protection et l’abattage des espèces protégées, et notamment la question du loup. Actuellement, la Suisse abrite environ 80 loups. Chaque année, ils sont responsables de la mort de 300 à 500 moutons et chèvres. La loi en vigueur autorise l’abattage de ces animaux protégés seulement s’ils ont attaqué des troupeaux, une décision qui revient à la Confédération. Avec la nouvelle loi, un loup pourrait être tué s’il est considéré comme une menace avant même d’avoir attaqué d’autres bêtes et la décision serait cantonale.

«Il ne faut pas nier l’impact de la perte d’une bête, mais il y a d’autres moyens de soutenir les éleveurs», explique Benoît Ischer qui termine un mémoire de master en éco-théologie à l’Université de Lausanne. «Le loup fait partie de la biodiversité, nous devrions nous réjouir qu’il soit de nouveau sur le territoire suisse», ajoute Kurt Zaugg-Ott qui souligne que la proportion de moutons victimes des loups est bien plus faible en regard des pertes dues aux maladies et incidents naturels. «D’un point de vue théologique, nous devons rechercher un "partenariat" avec toutes les autres espèces, c’est l’alliance voulue par Dieu. Exterminer des loups avant même qu’ils aient attaqué revient à négliger cette alliance», précise Benoît Ischer.

Promouvoir la biodiversité

La révision de la loi ne concerne pas uniquement la question des loups. Les changements visent également la protection des espèces. Certaines ne pourront plus être chassées, alors que d’autres le seront à nouveau. «Cette révision de la loi ne respecte pas l’équilibre entre les créatures. Il faut être beaucoup plus attentif à toutes les espèces comme le soutient le pape François dans son encyclique Laudato si’», relève Kurt Zaugg-Ott. «La loi ne va pas assez loin. Aujourd’hui, il est indispensable de cohabiter avec toutes les espèces pour maintenir la biodiversité», ajoute encore Benoît Ischer.

La remise en question de l’anthropocentrisme est d’ailleurs une tendance qui gagne de plus en plus de chrétiens, comme le relève l’anthropologue des religions Jean Chamel. «Certains vont même plus loin affirmant que l’être humain est une espèce parmi d’autres au sein d'une nature à laquelle il appartient pleinement. De plus, on remarque des liens très forts entre la pensée écologique et les courants spirituels alternatifs vers lesquels butinent certains chrétiens», constate le spécialiste.

Si les Églises protestantes et catholiques ne se sont pas prononcées sur cet objet de vote, l’Église réformée vaudoise (EERV) salue toutefois les initiatives d’Œco. «Nous soutenons complètement les prises de position de l’association. Nous réalisons un travail de fonds sur la mise en place d’une vision environnementale en lien avec la sauvegarde de la Création», insiste Emmanuel Jeger, membre de l’exécutif de l’EERV. «D’un point de vue éthique, il est du devoir des Églises, en tant qu’institutions publiques, de se positionner concrètement sur ce genre de thématique. Elles défendent des valeurs avec des mots, mais il faut le faire avec des gestes», insiste Benoît Ischer.

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