Crêt-Bérard, la longévité par la diversité

Crêt-Bérard / © CC by-sa SlvrKy
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Crêt-Bérard
© CC by-sa SlvrKy

Crêt-Bérard, la longévité par la diversité

Crêt-Bérard, dans le canton de Vaud, reste l’une des rares maisons d’Église qui résistent. L’historien Nicolas Gex vient de publier un livre qui retrace les septante ans d’histoire de cette institution. Rencontre.

En quoi la maison de Crêt-Bérard a-t-elle marqué le paysage vaudois?

Crêt-Bérard a réussi à ne pas rester seulement une maison d’Église. D’une part, elle ne dépend pas de l’Église. Même si elle garde des liens de proximité, Crêt-Bérard a toujours fait preuve d’une forte volonté d’indépendance. D’autre part, la maison s’est aussi ouverte à d’autres activités, sociales et culturelles. Elle a accueilli des conférences, des concerts, des spectacles ou des séminaires d’entreprises qui ont contribué à sa visibilité au-delà des milieux ecclésiaux. C’est un facteur de succès et de longévité. Depuis le milieu des années 1990, on constate un développement de cet aspect-là, et la professionnalisation de l’accueil qui va avec.

Quelle a été l’influence de Crêt-Bérard sur l’Église réformée vaudoise?

La Maison a marqué d’abord par les pasteurs résidents qui l’ont dirigée. Tous ont eu des personnalités intéressantes et diverses. Charles Nicole-Debarge, le tout premier résident, est quelqu’un d’atypique, par exemple. En marge de l’Église vaudoise, politiquement très conservateur, il restait sensible à la marginalité et aux parcours de vie hors norme. L’office quotidien de Crêt-Bérard a aussi beaucoup marqué le contexte vaudois. Il a lieu trois fois par jour depuis 1953. Crêt-Bérard est ainsi devenu l’un des laboratoires vivants de liturgie, en lien avec Taizé (France) ou Grandchamp (NE). Cela a aussi permis aux mouvements liturgiques réformés d’avoir une vitrine, un point de ralliement qui ne soient pas connotés idéologiquement.

Pour un historien comme vous, en quoi est-ce instructif de retracer l’histoire d’une institution comme Crêt-Bérard?

Mon idée, en travaillant sur ce livre, était de comprendre ce lieu et ses acteurs, et ce qu’il représente aujourd’hui. C’est instructif d’étudier une institution en la considérant avec une démarche historienne. Un lieu comme Crêt-Bérard revêt une grande importance pour de nombreux Vaudois, et il a été surtout perçu par le prisme de la foi. Il y a donc beaucoup d’affect lié à cette maison. Du coup, quand j’ai étudié les sources à ma disposition, j’ai pu remettre dans leur contexte des événements qui sont soit enjolivés, soit un peu passés sous silence.

Par exemple?

La construction de Crêt-Bérard, entre 1949 et 1953. Les jeunes de l’Église vaudoise ont activement participé au projet. Mais on remarque qu’ensuite, leur travail a été raconté comme une véritable épopée, comme si cette maison avait été bâtie de leurs mains. C’est vrai, mais en partie seulement! Ce sont bien des ouvriers qui ont bâti les murs… Cet exemple montre que la mémoire a tendance à se focaliser sur certains événements et à les réinterpréter. Il faut les remettre en perspective et les questionner de manière critique.

Dernière maison d’Église romande

Sornetan, le Louverain, Cartigny, Charmey, Crêt-Bérard… chaque Église cantonale avait sa maison, lieu privilégié des camps de caté ou des retraites spirituelles. Mais, ces dernières années, les Églises se sont désinvesties. Certaines de ces Maisons ont fermé, d’autres poursuivent leur route sans soutien ecclésial, accueillant notamment des mariages et des séminaires d’entreprise. Avec l’annonce, en septembre, de la mise en vente de Sornetan, dans le Jura bernois, Crêt-Bérard fait désormais véritablement figure d’exception dans le paysage romand puisqu’elle restera la seule dotée d’un pasteur résident et à proposer un office quotidien.

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