Gestion difficile pour l’employeur EERV

L'EERV fait face à de conséquentes démissions / IStock
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L'EERV fait face à de conséquentes démissions
IStock

Gestion difficile pour l’employeur EERV

11 novembre 2021
Réunie en Synode les 5 et 6 novembre, l’Église évangélique réformée vaudoise se cherche un chemin entre démissions, «dysfonctionnements institutionnels» et nouveaux projets.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV) traverse une mauvaise passe. Dès l’ouverture de son synode d’hiver, qui se tenait les 5 et 6 novembre, la situation était posée: «Les récentes démissions ne peuvent pas nous laisser indifférents, c’est une réalité qui nous interpelle», lâche Sylvie Arnaud, présidente du Synode (organe délibérant).

Fait d’autant plus inquiétant, ces départs touchent des postes à haute responsabilité. Ainsi du conseiller synodal en charge des finances Perry Fleury, le responsable de la Chancellerie David Muttner, la responsable des ressources humaines Alma De Marco, ainsi que le responsable de l’Office des ressources humaines Nicolas Besson, qui a quant à lui demandé un changement de poste, tout en restant dans l’institution.

«Le Bureau du Synode a interviewé les démissionnaires pour comprendre les raisons de la crise. Le travail ne fait que commencer», expose encore Sylvie Arnaud. Avant d’insister sur le fait que «depuis août, le Conseil synodal (Exécutif) a pratiqué de la médecine d’urgence».

Constats choc

«Le Conseil Synodal (CS) n’a pas vécu ces départs comme une succession de malchances, mais comme la nécessité de modifier le fonctionnement de l’institution», confirme la conseillère synodale Anne Abruzzi. Et de citer les sept raisons qui ont motivé leur confrère Perry Fleury à démissionner et dont il leur a fait part –  «charge de travail incompatible avec le temps de travail», «vétusté des processus», «vétusté du cadre», «dysfonctionnements institutionnels importants», «manque de compétences adéquates chez certains collaborateurs», «manque de compétences décisionnelles du CS» et «manque de moyens». «Nous partageons l’ensemble de ces constats», formule alors Anne Abruzzi.

Par la voix de cette conseillère synodale, le CS présente sa volonté d’ouvrir un «Régime spécial de transition» pour faire face à la situation, annonçant par ailleurs que des «réformes importantes» devront être engagées. «Notre horizon: revoir le Règlement ecclésiastique, on ne le cache pas. Le chantier est ouvert, et il va certainement provoquer quelques secousses.»  

Défis RH

Pour le Conseil synodal, le système presbytéro-synodal (la forme d’organisation la plus usitée au sein des Églises réformées, ndlr), n’apparaît plus comme la panacée. «En 2021, le rythme de l’institution ne peut plus être le même. Nous avons également la responsabilité d’employeur qui doit faire face à des défis RH», explique Vincent Guyaz, également membre du CS.

Marie-Claude Ischer, présidente du CS, pointe quant à elle la problématique de l’accompagnement des employés qui ne sont plus adéquats: «Actuellement, il est très difficile de replacer un pasteur ou un diacre dans une autre fonction au sein de l’Église. Une fois que nos ministres sont consacrés, ils ont un CDI de 35 ans devant eux.» Et d’asséner: «On manque de personnes capables de s’adapter au monde professionnel d’aujourd’hui. Et ce n’est pas parce qu’on est en Église qu’on peut être un monde de Bisounours.»

Annonces anxiogènes»

«Je parlerais plutôt d’inadéquations institutionnelles que de dysfonctionnements», tient à préciser le délégué François Burnand, disposé à entamer des réformes. «Les lourdeurs institutionnelles sont incompatibles avec l’agilité qu’il nous faut. Réformons-nous! Mais investissons tout de suite de l’argent dans des conseils extérieurs», interpelle-t-il.

De son côté, le délégué de l’État Dominique Kohli regrette «un flot d’annonces contradictoires et anxiogènes» et dénonce des «propositions encore plus préoccupantes».
Le délégué Jacques Besson, par ailleurs ancien responsable du Service de psychiatrie communautaire du Chuv, «confirme le diagnostic de dépression». Il mentionne qu’il existe un chemin entre l’étatisé et le privé: «Notre Église est dans le tout ou rien. Or au CHUV ou à l’Université, nous ne sommes pas non plus une entreprise, mais bien des services parapublics qui doivent s’adapter au monde de l’entreprise.»

Des projets et des investissements

Malgré toutes ces difficultés, le Conseil synodal cherche à aller de l’avant en misant sur l’avenir. «Même si le budget est déficitaire, notre Église doit s’investir pleinement et également financièrement», suggère Anne Abruzzi. «N’hésitons pas à investir aujourd’hui, les dernières années ayant été bénéficiaires.»

Trois projets jugés «significatifs» ont alors été évoqués. Tout d’abord le GREPPA (Groupe d’experts prévention et protection abus) dont le but est d’écouter et accompagner les personnes victimes ou témoins d’abus, quelle qu’en soit la forme. Ensuite, le projet d’Église inclusif, familial et solidaire «Martin Luther King», centré sur l’expérience communautaire et la célébration gospel, basé à l’église Saint-Laurent à Lausanne. Et pour finir celui d’Open Source Church, dont le but est de créer une large communauté, en faisant le lien entre les univers geek et biblique, avec un accent sur le digital.

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