L’Église protestante de Genève fait face aux chiffres

L'Église protestante de Genève fait ses comptes pour 2022 / IStock
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L'Église protestante de Genève fait ses comptes pour 2022
IStock

L’Église protestante de Genève fait face aux chiffres

24 décembre 2021
Réunie en Consistoire les 2 et 3 décembre, l’Église protestante de Genève s’est penchée sur son avenir en termes de forces et de moyens financiers.

«Dans la Bible, la parole et l’action sont liées», a souligné Emmanuel Rolland, secrétaire général adjoint à la mission de l’Église protestante de Genève (EPG), devant le Consistoire (organe délibérant) réuni au temple de Malagnou les 2 et 3 décembre dernier. Venu présenter l’état des lieux des forces ministérielles de l’Église, il a fait un parallèle entre la situation actuelle et la parabole de la multiplication des pains. «À l’image des disciples qui n’avaient que cinq pains et deux poissons pour nourrir la foule qui venait à eux, nous avons parfois l’impression déprimante que nous n’y arriverons pas. Pourtant tout est ici, à portée de main. La question n’est donc pas aujourd’hui de savoir ce qui nous manque, mais ce que nous avons et à partir de là, comment faire beaucoup», a-t-il pointé.

En 2021, en effet, l’EPG compte 44,45 équivalent plein temps (EPT). Entre 2021 et 2022, les départs naturels s’élèveront à 5 EPT et à 8,3 entre 2023 et 2025, sans compter les éventuels départs volontaires. «Il n’y aura pas de remplacement à 100% des postes ministériels dans les années à venir. Nous manquons de main-d’œuvre. La situation est commune aux Églises réformées romandes. Mais nous avons un pas d’avance avec les chargés de ministère», a ajouté Eva Di Fortunato, présidente du Conseil du Consistoire (exécutif) de l’EPG.

La force des laïcs

Si la présentation ne donnait pas lieu à une décision du Consistoire à ce stade, c’est un débat de fond fourni qui s’est tenu sous l’étiquette: «Quelle mission aujourd’hui et avec quelles forces?». «L’adéquation entre les forces ministérielles et bénévoles est l’enjeu», a affirmé Laurence Mottier, modératrice de la Compagnie des pasteurs et des diacres. En effet, à la tribune, les délégués ont évoqué plusieurs pistes, parmi lesquelles la valorisation des laïcs et bénévoles aux compétences spécifiques, mais aussi la façon dont motiver les étudiants en théologie à rejoindre l’EPG, l’engagement de ministres externes et une répartition des forces à revoir. «Je n’ai pas d’inquiétude s’agissant de l’Évangile: il a un boulevard devant lui. La question concerne les forces de travail et l’organisation», a voulu rassurer le pasteur Marc Pernot.

Maximiser les revenus

Chiffres toujours, après les effectifs, ce sont les finances qui ont largement occupé la session. «Nous sommes venus vous transmettre un message de vérité. Nous devons être responsables et regarder les choses en face. Mais en aucun cas, il ne s’agit de désespoir ou de résignation», a introduit Joël Rochat, membre du Conseil du Consistoire et trésorier. Et pour cause: les dons reçus en 2021 sont en baisse par rapport à l’année précédente. Au 28 octobre, ce sont 3,3 millions de francs qu’il fallait réunir d’ici à la fin de l’année. Un appel à la solidarité a été lancé aux paroisses.

Pour rappel, les comptes de l’EPG assument l’essentiel des charges salariales des ministres. Les paroisses contribuent aux revenus de l’EPG selon un système de trois piliers. D’abord, les contributions des paroisses (qui couvrent 4% de la masse salariale de l’EPG), ensuite le partage des revenus locatifs et immobiliers des paroisses (qui couvrent 5% des revenus bruts) et enfin les contributions libres et volontaires des paroisses. C’est via ces dernières qu’une mobilisation est espérée de la part des paroisses qui bénéficient de revenus propres.

«Les dons ont une importance pour les revenus de la mission, qui constitue l’essentiel de nos charges. Nous sommes dépendants de ces revenus», poursuit Stéphane Keller, secrétaire général de l’EPG. En effet, si les revenus immobiliers financent la mission à hauteur de 15 à 30%, les contributions religieuses volontaires et dons directs en constituent la majorité.

Pour 2021, les charges sont couvertes, mais tout l’enjeu réside dans le maintien d’une réserve adéquate de trésorerie.

Si la gestion est sous contrôle, a expliqué l’exécutif, ce dernier n’a pas été en mesure de présenter un budget 2022 au Consistoire. Un problème ponctuel et conjoncturel, a précisé le Conseil du Consistoire, en lien avec la situation sanitaire. En début d’année prochaine, le budget sera à l’ordre du jour d’une séance extraordinaire.

Une première solution

Le Conseil du Consistoire et la commission de financement travaillent à des hypothèses de maximisation des revenus, avec l’objectif, à termes, d’engager plus et de donner des moyens à la mission. Des propositions concrètes seront faites dans les mois à venir.

Mais déjà, la session du Consistoire a été l’occasion d’une première mesure relative au fonds Hentsch. Pour rappel, la donation de 20'000 fr. de Mme Hentsch-Humbert en 1963, qui équivaut aujourd’hui à 60'000 fr, a généré quelque 7,2 millions de francs, dont les revenus sont utilisés pour soutenir la mission. En 2021, ces revenus s’élèvent 100'000 fr. Or, avec la baisse des taux d’intérêt, ces revenus sont en diminution. Sur proposition du Conseil, le Consistoire a décidé de mettre en œuvre une politique d’investissement de ce fonds qui permette d’augmenter l’espérance de rendement à 4-5% annuel. Il a également décidé de fixer à 4% de la fortune le montant consacré à la mission, et de réévaluer ce taux tous les sept ans.

Et aussi

Le processus de régionalisation s’est poursuivi avec la ratification des nouveaux statuts de plusieurs paroisses de l’EPG.

Les délégués ont également voté à l’unanimité en faveur de la consécration, lors d’un culte en 2022, de la diacre Anne-Laurence Cornaz-Gudet, de la pasteure Elda Jaroko Lengozara et du pasteur Philippe Golaz.

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