Les Eglises réformées interrogent leur présence médiatique

Lors de leur assemblée générale, le 3 juin, les Eglises réformées romandes ont poursuivi leur réflexion sur leurs besoins en matière de communication et d’information. En délibération, le futur du journal Réformés, de l’agence Protestinfo ainsi que, pour une part, RTSreligion. Précisions. / Max Idje et Anaïs Lou Kohler
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Lors de leur assemblée générale, le 3 juin, les Eglises réformées romandes ont poursuivi leur réflexion sur leurs besoins en matière de communication et d’information. En délibération, le futur du journal Réformés, de l’agence Protestinfo ainsi que, pour une part, RTSreligion. Précisions.
Max Idje et Anaïs Lou Kohler

Les Eglises réformées interrogent leur présence médiatique

Lors de leur assemblée générale, le 3 juin, les Eglises réformées romandes ont poursuivi leur réflexion sur leurs besoins en matière de communication et d’information. En délibération, le futur du journal Réformés, de l’agence Protestinfo ainsi que, pour une part, RTSreligion. Précisions.

Engagées dans une réflexion d’envergure sur leur présence médiatique, les Eglises de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER) ont poursuivi leurs débats, ce samedi 3 juin, à l’occasion de leur assemblée générale qui s’est tenue à Lausanne. Suite aux recommandations d’un audit externe, un groupe de pilotage a été chargé d’étudier, en premier lieu, l’intégration du journal Réformés, constitué en sàrl, au département des médias réformés Médias-pro, qui chapeaute l’agence de presse Protestinfo, ainsi que le service RTSreligion en lien avec son partenaire catholique Cath-Info et la RTS.

Futur du journal Réformés

Plus que de se déterminer sur cette seule incorporation, il était également demandé aux délégués des différentes Eglises cantonales de se prononcer sur une nouvelle mouture du titre. Présentée par le comité de gérance de la sàrl, celle-ci consisterait à «passer d’un journal à grand tirage à un journal d’environ 20'000 exemplaires de six numéros par année et deux magazines par an à tous les membres des Eglises». En outre, «les pages agenda seraient supprimées».

Ouvrant la discussion, le président de l’Eglise réformée neuchâteloise (EREN) Yves Bourquin manifeste sa réticence face à cette intégration, exprimant «considérer cette nouvelle formule du journal comme une étape vers la fin, un chant du cygne (…) N’est-on pas en train de faire de la perfusion?» Il rappelle en outre que toutes les Eglises de la CER ne sont pas concernées de la même façon, celles de Fribourg et du Valais n’ayant pas souhaité investir dans cette publication lors de sa création.

Le chef de projet, le pasteur Jean Biondina, par ailleurs ancien président du conseil de gérance de la sàrl, indique que le but est précisément «de créer plus de synergies» entre ces différents services. Pour autant, la proposition ne semble pas enthousiasmer les délégués cantonaux. Le Fribourgeois Martin Burkhard considère notamment le rapport présenté comme insuffisant pour une prise de décision: «Il y a plein d’idées, mais on n’a pas de chiffres, on ne sait pas où on va.» Le Vaudois Laurent Zumstein déclare, pour sa part, que «la demi-mesure des propositions faites [le] laissent sans voix». Et les représentants de l’EERV de rappeler que l’aval des Synodes cantonaux (législatifs) est de plus nécessaire pour les changements touchant au journal Réformés.

Au moment de voter, les délégués des Eglises cantonales n’ont d’ailleurs pas souhaité «décider d’intégrer le journal au département Médias-pro», préférant pour l’heure se contenter d’en «accepter le principe».

«Une infocom plus corporate»

Plus largement, l’engagement dans ce processus de reconfiguration des services dits «d’infocom» (le journal d’un côté et les prestations de Médias-pro de l’autre) n’a pas manqué de soulever la question de ce que les Eglises cantonales en attendent, revitalisant ainsi la tension bien connue entre com et info. «De notre point de vue, l’argent des Eglises doit servir aux Eglises», exprime Yves Bourquin. Souhaitant une «infocom plus corporate, soit une presse orientée au service des Eglises et à leur promotion», il évoque un «gap entre une vision qu’a porté Médias-pro jusqu’à présent et les besoins actuels des Eglises». Et d’asséner: «Une chose est sûre: l’ancien monde ne tient plus. Et si le journal intègre Médias-pro, il devra devenir autre chose, soit une publication avec une ligne éditoriale com.»

«Cette question fondamentale de la capacité des Eglises à financer un service public se résoudra d’elle-même: dans quelques années, on ne pourra plus», formule pour sa part Silvano Keller, président du Conseil du Synode jurassien. «Cela implique forcément une remise en question de l’actuelle structure.» Tour à tour, les représentants d’autres Eglises réformées – fribourgeoise, valaisanne, genevoise ou encore vaudoise – évoquent également ces difficultés financières. Lors de cette même assemblée, l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a d’ailleurs exprimé son besoin de diminuer sa participation en demandant au Conseil exécutif de la CER «de revoir ses priorités afin de parvenir ces prochaines années à une diminution de 10% de ses dépenses».

Des missions à réévaluer

«La mission de Médias-pro a été voulue par les Eglises», rappelle Christian Miaz, membre du Conseil exécutif de la Conférence des Eglises réformées romandes. «Grâce à ses canaux de diffusion, RTSreligion et Protestinfo assurent une présence des Eglises réformées au niveau romand. C’est une dimension dont il faut tenir compte», insiste-t-il.

Dans son rapport, le Conseil exécutif notifie précisément la mission de Médias-pro comme étant «un centre de compétences qui assure la présence des Eglises protestantes auprès des médias romands et qui répond, dans le cadre de ses compétences, aux attentes du service public.» Et d’ajouter: «Ses missions spécifiques (RTS, Protestinfo) vont être adaptées dans la prochaine phase du projet avec l’appui du nouveau directeur». A savoir Paolo Mariani, ancien journaliste puis communicant devenu diacre, qui prendra ses fonctions à la rentrée de septembre. Il débutera par une période de tuilage avec l’actuel directeur Michel Kocher, ce dernier occupant ses fonctions jusqu'à fin novembre 2023. 

Un rapport décisionnel est attendu pour la prochaine assemblée générale, en novembre. Le groupe de pilotage «vise un déploiement progressif qui devrait aboutir en principe en janvier 2025». Selon les comptes 2022, qui ont été validés lors de cette même assemblée, «l’étude infocom» aura coûté l’an dernier aux Eglises de la CER la somme de 131'254 francs.

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