Référendum Frontex: un choix éthique!

Graffiti anti Frontex sur un mur en Pologne / ©Flickr/Jeremy Brooks
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Graffiti anti Frontex sur un mur en Pologne
©Flickr/Jeremy Brooks

Référendum Frontex: un choix éthique!

Votation
Le 15 mai prochain, le peuple suisse sera invité à se prononcer sur le renforcement de la participation de la Suisse à l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex).

Jusqu’en 2027, la Suisse devrait augmenter sa contribution à Frontex de 24 à 61 millions de francs. Ceci afin de permettre à l’agence européenne qui contrôle l’espace Schengen, dont la Suisse fait partie, d’augmenter massivement son personnel et ses instruments de surveillance. Cette décision avait été prise par les chambres fédérales, à une courte majorité. Elle fait aujourd’hui l’objet d’un référendum qui pose de nombreuses questions éthiques quant à la participation de notre pays dans ce futur développement.

«L’un des principaux problèmes est que l’agence européenne tend à externaliser ses frontières en travaillant avec des pays extérieurs. Le but est de freiner les mouvements migratoires avant même les frontières de l’Europe. Cela se passe souvent avec violence, sans que personne ne sache vraiment ce qui se passe», souligne le théologien et éthicien Pierre Bühler, qui s’est fortement engagé en faveur du référendum. Le cas le plus grave concerne la Libye, où les migrantes et les migrants qui tentent de traverser la Méditerranée sont refoulés dans des camps et subissent violences et sévices. De plus, le futur développement de l’agence n’empêchera pas les morts tragiques en mer qui restent encore aujourd’hui d’une terrible actualité: «Frontex a beaucoup développé les drones et les avions et l’on a pu observer plusieurs fois que des bateaux appellent au secours, les avions passent au-dessus, et rien ne se passe», ajoute-t-il.

Toutefois, le théologien et éthicien ne condamne pas l’existence d’une agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, mais souhaite qu’elle soit soumise à un certain contrôle: «Il faudrait qu’elle reçoive des objectifs plus clairs et soit soumise à des règles beaucoup plus strictes. En tous les cas, il serait primordial qu’il y ait un respect du principe de non-refoulement qui est inscrit dans la Convention de Genève sur le statut des réfugiés. Actuellement, on renvoie les gens sans leur permettre d’au moins déposer une demande d’asile.»