A Bienne, des confitures contre le gaspillage

Janosch Szabo / © Estelle Vagne
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Janosch Szabo
© Estelle Vagne

A Bienne, des confitures contre le gaspillage

Gâchis
Il y a dix ans, il a simplement voulu «sauver des fruits». Le Biennois Janosch Szabo ne supportait plus de voir les arbres crouler sous des kilos de fruits chaque été, leurs propriétaires étant dépassés par les quantités.

Issu d’une famille de maraîchers, ce journaliste ne s’était jamais intéressé à la production alimentaire. «Je m’étais lancé à 100% dans mon métier. Puis j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose de mes mains, pas juste avec ma tête.»

A la suite d’un service civil dans une ferme bio, le jeune homme se lance «sans formation ni grande préparation» dans l’aventure: cueillette, la plupart du temps dans des jardins de particuliers «qui n’ont pas le temps de s’occuper de leurs vergers», mais aussi à partir de sa production, transformation en confiture «avec du sucre bio», étiquetage, distribution mensuelle à vélo.

Au fil des ans, Janosch développe un réseau de 40 abonnés et apprend: «J’ai réduit le sucre de 50%, en comparant des recettes. En ville, dans les parcs, le long des rivières ou encore autour des bâtiments publics, j’ai redécouvert des fruits oubliés, mais comestibles, comme les cornouilles ou les amélanchiers. Certaines saisons, je fabrique jusqu’à 70 variétés de confiture!»

Selon les récoltes, Janosch Szabo produit environ 1500 pots, vendus 8 francs chacun. «Je ne veux pas augmenter ce prix, inchangé depuis le début. Mais financièrement, c’est très difficile: je ne peux pas vivre que de cela. J’ai gardé quelques activités annexes, et je vis avec très peu de ressources», explique le jeune entrepreneur. Qui pourtant n’arrive pas à satisfaire toute la demande! «Je n’ai pas de site internet, tout fonctionne par le bouche-à-oreille. J’ai beaucoup réfléchi au modèle d’affaires. Mais je ne souhaite pas recruter. D’une part, je tiens au contact direct avec mes abonnés. D’autre part, grandir exigerait de payer des salaires, donc produire beaucoup plus et au final acheter des fruits. Or je ne produis pas de la confiture pour produire… mais pour sauver des fruits, valoriser ces ressources négligées! J’accepte donc que ma production soit dépendante de la météo, et donc des récoltes», assure Janosch Szabo.

Ce contact avec le végétal, c’est une force qui me touche et me nourrit.
Janosch Szabo

Il s’engage de diverses manières pour l’alimentation locale: bourses de semences, agriculture urbaine, épicerie coopérative. Et a retrouvé sa liberté: «J’utilise rarement des échelles pour grimper à un arbre. Ce contact avec le végétal, c’est une force qui me touche et me nourrit.»