
La souffrance est-elle un péché?
Pourquoi la souffrance est-elle considérée par certains chrétiens comme un péché? Cette conception de la souffrance me choque profondément : on fait de la souffrance, non pas une réalité en soi, indéniable, mais un péché qui doit être justifié et donc racheté pour être valable et acceptable (c'est la Rédemption). Nietzsche avait raison sur ce point, lui qui a fait une critique terrible du christianisme dans son ensemble : le christianisme (tel qu'il le comprend) nie la souffrance comme réalité "vraie", et donc la justifie en proposant son "rachat" : la mort du Christ comme "rachat" de nos péchés, et Dieu est alors considéré comme le commanditaire de ce sacrifice! Je ne peux souscrire à cette compréhension de la mort du Christ : Christ est mort, mais par la faute des hommes, et Dieu a pleuré ce jour-là... avec les hommes. En aucun cas, Il n'a voulu la mort de Jésus, Son fils, mais Il est allé au-delà de sa douleur à Lui, Son amour pour les hommes était plus grand que sa douleur de Père
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Une conséquence étrange de cette justification de la souffrance humaine : certains
chrétiens nient leur propre souffrance, en font un mérite, une valeur en elle-même,
ils en tirent une certaine fierté. "Plus je souffre, plus j'ai de mérite et
plus je me rapproche de Dieu" ou bien "Plus je souffre, plus j'obéis à Dieu
et meilleur chrétien je suis". Ces mêmes chrétiens n'éprouveront pas de compassion
pour leurs semblables qui souffrent ou qui se plaignent : se plaindre, pour
eux, c'est manquer de confiance en Dieu et commettre un péché.
Expliquer la souffrance, la justifier, c'est la nier en tant que réalité, c'est
la minimiser ou l'annuler, et annuler ainsi celui qui souffre : comment peut-on
en arriver à un tel comportement
anti-compassionnel "au nom du Christ"? Est-ce, comme le dit Nietzsche, parce
que ces chrétiens-là éprouvent un profond malaise devant le réel, dont la souffrance
fait partie? Comment expliquer
que certains courants chrétiens fassent de la souffrance (la sienne ou celle
des autres) la mesure de leur foi et de leur "salut" personnel, quitte à nier
la souffrance des autres et la leur - avec toutes les conséquences possibles
sur leur santé, leur vie familiale etc.?
J'avoue me ranger du côté de Nietzsche sur ce point précis. Et vous?
Caro
Ïl y a en effet une sinistre tradition chrétienne qui considère la souffrance
comme positive car elle permettrait d'accéder au salut.
Si je vois bien, cela procède du courant monastique. Vivre une vie de détachement
pour la consacrer à la prière est une action que je peux comprendre. Que des
exercices physiques y aident en drainant vers autre chose l'énergie sexuelle
en particulier, je peux également le comprendre. Le hic, c'est à partir du moment
où on a ajouté à cela la compréhension tordues de certains versets (Romains
8, 17; Philippiens 3, 10; entre autres)qui parlent de la situation de persécution
et qu'on en a fait la nécessité de souffrir pour être en communion avec le Christ.
Là, on est sorti des interprétations légitimes du texte biblique. On y a aussi
vu une punition (d'où l'idée de péché attachée à la souffrance.)
Avec vous, je rejoins Nietzsche sur ce point: nier la souffrance dans sa brutale
réalité est théologiquement inadmissible. L'être humain souffre (heureusement,
pas toujours!) sans rime ni raison. Il n'y a pas de souffrance juste.
La mort du Christ, n'est pas rachat de la souffrance et du péché. Elle est ouverture
d'autres possibles dans la relation à Dieu. Par exemple: des relations saines
et ouvertes avec Lui, détachée de toute notion de péché. En ce sens, Christ
a tué le péché sur la croix (ma compréhension de l'idée de "mort pour nos péchés"
qu'on trouve dans la Bible). Il ne faut pas oublier que si l'idée de rachat
du péché est présente dans le Nouveau Testament, elle n'est pas la seule compréhension
de la mort de Jésus. Il est mort parce que son ation et sa prédication étaient
insupportable pour les autorités religieuses et civiles de son temps. Et Dieu
a sans doute pleuré ce jour-là! Merci d'avoir exprimé cela de telle sorte que
ma réponse est plus une approbation qu'une ... réponse! Vous lire est déjà réponse.
Une conséquence étrange de cette justification de la souffrance humaine : certains
chrétiens nient leur propre souffrance, en font un mérite, une valeur en elle-même,
ils en tirent une certaine fierté. "Plus je souffre, plus j'ai de mérite et
plus je me rapproche de Dieu" ou bien "Plus je souffre, plus j'obéis à Dieu
et meilleur chrétien je suis". Ces mêmes chrétiens n'éprouveront pas de compassion
pour leurs semblables qui souffrent ou qui se plaignent : se plaindre, pour
eux, c'est manquer de confiance en Dieu et commettre un péché.
Expliquer la souffrance, la justifier, c'est la nier en tant que réalité, c'est
la minimiser ou l'annuler, et annuler ainsi celui qui souffre : comment peut-on
en arriver à un tel comportement
anti-compassionnel "au nom du Christ"? Est-ce, comme le dit Nietzsche, parce
que ces chrétiens-là éprouvent un profond malaise devant le réel, dont la souffrance
fait partie? Comment expliquer
que certains courants chrétiens fassent de la souffrance (la sienne ou celle
des autres) la mesure de leur foi et de leur "salut" personnel, quitte à nier
la souffrance des autres et la leur - avec toutes les conséquences possibles
sur leur santé, leur vie familiale etc.?
J'avoue me ranger du côté de Nietzsche sur ce point précis. Et vous?
Caro
Ïl y a en effet une sinistre tradition chrétienne qui considère la souffrance
comme positive car elle permettrait d'accéder au salut.
Si je vois bien, cela procède du courant monastique. Vivre une vie de détachement
pour la consacrer à la prière est une action que je peux comprendre. Que des
exercices physiques y aident en drainant vers autre chose l'énergie sexuelle
en particulier, je peux également le comprendre. Le hic, c'est à partir du moment
où on a ajouté à cela la compréhension tordues de certains versets (Romains
8, 17; Philippiens 3, 10; entre autres)qui parlent de la situation de persécution
et qu'on en a fait la nécessité de souffrir pour être en communion avec le Christ.
Là, on est sorti des interprétations légitimes du texte biblique. On y a aussi
vu une punition (d'où l'idée de péché attachée à la souffrance.)
Avec vous, je rejoins Nietzsche sur ce point: nier la souffrance dans sa brutale
réalité est théologiquement inadmissible. L'être humain souffre (heureusement,
pas toujours!) sans rime ni raison. Il n'y a pas de souffrance juste.
La mort du Christ, n'est pas rachat de la souffrance et du péché. Elle est ouverture
d'autres possibles dans la relation à Dieu. Par exemple: des relations saines
et ouvertes avec Lui, détachée de toute notion de péché. En ce sens, Christ
a tué le péché sur la croix (ma compréhension de l'idée de "mort pour nos péchés"
qu'on trouve dans la Bible). Il ne faut pas oublier que si l'idée de rachat
du péché est présente dans le Nouveau Testament, elle n'est pas la seule compréhension
de la mort de Jésus. Il est mort parce que son ation et sa prédication étaient
insupportable pour les autorités religieuses et civiles de son temps. Et Dieu
a sans doute pleuré ce jour-là! Merci d'avoir exprimé cela de telle sorte que
ma réponse est plus une approbation qu'une ... réponse! Vous lire est déjà réponse.

