
Eprouver la grâce dans sa chair?
Oui, monsieur Guex, la grâce qu'on éprouve dans sa chair, qu'est-ce à dire ? Est-ce une sensation qui vient de Dieu ? Comment être sûr ? J'ai un ami qui est épileptique ? Faudrait-il dire qu'il éprouve le diable quand il a une crise ? J'espère que non ! Il y a des gens qui sont transportés par la musique mais ce n'est pas Dieu ! Il y a des gens très émotionnels, sont-ils pour autant proches de Dieu ? Moi, ça me gêne qu'on rende la présence de Dieu aussi "sensible" parce qu'à mon avis ça ne prouve rien, surtout pas sa présence, justement. Je connais des évangéliques qui sont survoltés en permanence, je ne pense pas que ce soit un effet de la grâce. Je pense que l'homme peut se convaincre que la grâce vient sur lui, mais si c'était juste une auto-suggestion ? Il me semble que les grands mystiques ont souvent expérimenté la "nuit de la foi", au contraire.
Vous vous méfiez des sensations, des émotions et des sentiments, et vous avez
raison. De mon côté, la méfiance est grande aussi; il est vrai que j'ai affirmé
avoir éprouvé la grâce dans ma chair, mais c'était pour dire aussitôt que là
n'était pas l'essentiel; toutefois, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'au moment où quelqu'un
réalise qu'il est l'objet de la grâce de Dieu, il en ressente une joie profonde
impossible à décrire et à communiquer. D'accord avec vous, cette émotion ne
prouve rien en soi; elle n'apporte quelque chose qu'à celui qui la ressent. Cette
sensation n'est pas à confondre avec la grâce elle-même, elle ne peut en être
qu'un effet.
Je serais par contre plus prudent que vous en voyant des gens exaltés se prétendant
inondés par la grâce. Je n'ai pas de raison a priori de penser que leur expérience
ne vient que de leur esprit. Je n'ai pas le moyen de le savoir, sinon sur le
long terme, par les fruits qu'ils portent.
Vous parlez avec raison de l'expérience de beaucoup de "grands mystiques", qui
parlent de la "nuit de la foi". Ils n'en parleraient pas s'il s'agissait pour
eux d'en rester à "la nuit". Ils en parlent à cause de la clarté du jour que
leur expérience leur a permis d'entrevoir.
raison. De mon côté, la méfiance est grande aussi; il est vrai que j'ai affirmé
avoir éprouvé la grâce dans ma chair, mais c'était pour dire aussitôt que là
n'était pas l'essentiel; toutefois, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'au moment où quelqu'un
réalise qu'il est l'objet de la grâce de Dieu, il en ressente une joie profonde
impossible à décrire et à communiquer. D'accord avec vous, cette émotion ne
prouve rien en soi; elle n'apporte quelque chose qu'à celui qui la ressent. Cette
sensation n'est pas à confondre avec la grâce elle-même, elle ne peut en être
qu'un effet.
Je serais par contre plus prudent que vous en voyant des gens exaltés se prétendant
inondés par la grâce. Je n'ai pas de raison a priori de penser que leur expérience
ne vient que de leur esprit. Je n'ai pas le moyen de le savoir, sinon sur le
long terme, par les fruits qu'ils portent.
Vous parlez avec raison de l'expérience de beaucoup de "grands mystiques", qui
parlent de la "nuit de la foi". Ils n'en parleraient pas s'il s'agissait pour
eux d'en rester à "la nuit". Ils en parlent à cause de la clarté du jour que
leur expérience leur a permis d'entrevoir.

