
Jeter le bébé avec l'eau du bain?
Vous répondez assez facilement que les contradictions apparentes sur Questiondieu témoignent, justement, de la liberté de penser et de la variété au sein du protestantisme. Soit. Mais que faire des contradictions fondamentales ? Lorsque M. Guex répond que le crédo de théolib "je ne veux pas croire que le Christ est mort pour moi" n'est "ni biblique, ni protestant", mais M. Birchmeier nous apprend que la christologie sacrificielle est "une perversion de l'évangile", je comprends le désarroi de certains. Bien sûr, tout ce langage qui baigne dans le sang purificateur de Jésus Christ n'est pas à prendre au pied de la lettre. Mais peut-on sans plus pousser l'iconoclasme jusqu'à mettre en question tout un langage bibliquement fondé, qui est libérateur pour une vaste portion des chrétiens ? Excusez-moi, mais cela me rappelle les maladresses de John Robinson dans Honest to God, qui pourtant se demandait "must we upset what most of God's children happily believe ?". Ce qui m'effraie encore pl
t l'esprit "nous avons raison, ils ont tort" qui
caractérise tant de doctrines religieuses, avec les conséquences désastreuses
que l'on connaît. Et voilà que M. Birchmeier semble dire que même les évangiles
ont tort ... si la critique historico-systématique a sa place bien méritée
dans nos facultés, l'effet pastoral n'est guère évident. Trop de lecteurs risquent
de jeter le bébé avec l'eau du bain. Mon frère Birchmeier, j'espère vous avoir
mal compris...
Cher Bill,
Je vous remercie pour vos remarques, qui me rappellent qu’on n’est jamais assez
explicite. Reprenons les dans l’ordre :
- Je crois moi aussi que le Christ est mort pour nous, donc aussi pour moi,
mais évidemment pas dans le sens d’une mort expiatoire. Son sacrifice, point
culminant de sa mission, a ouvert une brèche dans un monde dans l’impasse de
sa violence et de son non-sens, pour l’ouvrir à la venue du règne de Dieu et
de sa justice. A propos de la christologie expiatoire, elle n’est de loin pas
la seule représentée dans le NT, La tradition la plus ancienne a compris la
mort de Jésus comme la mort du juste Ÿ. Ce n’est qu’une tradition biblique plus
récente qui est à l’origine de notre langage de la rédemption. On y a simplement
repris le schéma sacrificiel d’Israël pour l’appliquer à Jésus, alors qu’il
était justement venu ouvrir une autre voie de salut. C’est dans ce sens que je
parle de perversion de l’évangile Ÿ
- C’est vrai que ce langage-là est à la base de la foi de la majorité des chrétiens.
Comme le dit John Robinson, que vous citez, la révolution copernicienne Ÿ
de la théologie va rencontrer l’opposition de 90% des gens d’église mais aussi
celle de tous les hors Eglise Ÿ, qui tiennent encore plus jalousement aux croyances
qu’ils ont rejeté Ÿ (car elles justifient leur rejet !). Ce qui le conduit à
la question : Devons-nous alors bouleverser ce que la plupart des gens croient
sans problème- ? Mais vous ne citez pas la suite ou qui ont choisi de ne
pas croire Ÿ Or voyez-vous, c’est à ces derniers que je pense, de plus en plus
nombreux, qui ont rejeté l’Eglise précisément parce qu’ils ont utilisé leur
esprit critique et ne peuvent plus adhérer en conscience à des affirmations
d’un autre temps. Ce sont ceux justement qui ont jeté le bébé avec l’eau du
bain Ÿ .Et ils risquent de devenir un jour la majorité.
Le christianisme, qui enfin renoncé à sa prétention impérialiste et exclusive,
(sauf son aile fondamentaliste) se trouve devant une révision déchirante Ÿ
de sa théologie. . Robinson a été un des premiers à s’en rendre compte, et il
a depuis été suivi par beaucoup d’autres.
caractérise tant de doctrines religieuses, avec les conséquences désastreuses
que l'on connaît. Et voilà que M. Birchmeier semble dire que même les évangiles
ont tort ... si la critique historico-systématique a sa place bien méritée
dans nos facultés, l'effet pastoral n'est guère évident. Trop de lecteurs risquent
de jeter le bébé avec l'eau du bain. Mon frère Birchmeier, j'espère vous avoir
mal compris...
Cher Bill,
Je vous remercie pour vos remarques, qui me rappellent qu’on n’est jamais assez
explicite. Reprenons les dans l’ordre :
- Je crois moi aussi que le Christ est mort pour nous, donc aussi pour moi,
mais évidemment pas dans le sens d’une mort expiatoire. Son sacrifice, point
culminant de sa mission, a ouvert une brèche dans un monde dans l’impasse de
sa violence et de son non-sens, pour l’ouvrir à la venue du règne de Dieu et
de sa justice. A propos de la christologie expiatoire, elle n’est de loin pas
la seule représentée dans le NT, La tradition la plus ancienne a compris la
mort de Jésus comme la mort du juste Ÿ. Ce n’est qu’une tradition biblique plus
récente qui est à l’origine de notre langage de la rédemption. On y a simplement
repris le schéma sacrificiel d’Israël pour l’appliquer à Jésus, alors qu’il
était justement venu ouvrir une autre voie de salut. C’est dans ce sens que je
parle de perversion de l’évangile Ÿ
- C’est vrai que ce langage-là est à la base de la foi de la majorité des chrétiens.
Comme le dit John Robinson, que vous citez, la révolution copernicienne Ÿ
de la théologie va rencontrer l’opposition de 90% des gens d’église mais aussi
celle de tous les hors Eglise Ÿ, qui tiennent encore plus jalousement aux croyances
qu’ils ont rejeté Ÿ (car elles justifient leur rejet !). Ce qui le conduit à
la question : Devons-nous alors bouleverser ce que la plupart des gens croient
sans problème- ? Mais vous ne citez pas la suite ou qui ont choisi de ne
pas croire Ÿ Or voyez-vous, c’est à ces derniers que je pense, de plus en plus
nombreux, qui ont rejeté l’Eglise précisément parce qu’ils ont utilisé leur
esprit critique et ne peuvent plus adhérer en conscience à des affirmations
d’un autre temps. Ce sont ceux justement qui ont jeté le bébé avec l’eau du
bain Ÿ .Et ils risquent de devenir un jour la majorité.
Le christianisme, qui enfin renoncé à sa prétention impérialiste et exclusive,
(sauf son aile fondamentaliste) se trouve devant une révision déchirante Ÿ
de sa théologie. . Robinson a été un des premiers à s’en rendre compte, et il
a depuis été suivi par beaucoup d’autres.

