J'ai un peu de peine avec votre définition des Eglises visible et invisible. Classiquement depuis Augustin d'Hippone, en effet, on affirme que l'Eglise invisible est l'ensemble des croyants. Elle est invisible, car personne, sinon Dieu ne sait qui est vraiment croyant ou ne l'est pas. Par contre l'Eglise visible (ou mieux les Eglises visibles), c'est l'institution, sociologiquement visible qui annonce la parole de Dieu. L'Eglise visible ne peut exister sans l'Eglise invisible, car s'il n'y a plus de croyant, plus personne ne voit de raison d'annoncer à d'autres humains la bonne nouvelle qui crée la foi. Et l'Eglise invisible n'existe pas non plus s'il n'y a pas d'Eglise visible : si l'évangile qui crée la foi n'est plus diffusé, personne ne peut être croyant.
Si je comprend bien, votre auteur voit dans l'Eglise visible l'institution où les croyants s'édifient les uns, les autres et dans l'Eglise invisible les individus croyants qui sont invités chacun pour soi à annoncer l'évangile. Je ne comprends pas en quoi l'annonce de l'évangile par des croyants serait invisible, ce qui rend sa distinction problématique.
Toutefois votre auteur me semble faire une remarque intéressante à propos de ce que j'appelle l'Eglise visible lorsqu'elle devient Eglise-spectacle. Elle est alors prête à à peu près n'importe quelle sorte de prostitution pour avoir des adeptes. Votre auteur a raison de dire que la tâche des Eglises visibles est d'édifier les humains en leur annonçant l'évangile. Où il me semble avoir tort, c'est lorsqu'il ne voit cette action d'évangélisation qu'à l'intérieur d'une communauté qui me semble bien fermée. La prédication de l'Eglise doit à mes yeux être compréhensible et interpellatrice pour quelqu'un qui pousserait pour la première fois de sa vie la porte d'une église à l'heure du culte, de l'étude biblique ou de n'importe quelle autre réunion... Dès lors il va pour moi de soi qu'une Eglise visible doit être évangélisatrice au dedans comme au dehors sous peine de perdre sa raison d'être!