
Paul est-il apôtre?
Vous avez parfaitement raison : « techniquement », Paul n’est pas apôtre, le titre ne peut revenir qu’aux douze qui ont vu Jésus et ont vécu avec lui lors de son existence terrestre.
Toutefois, Paul lui-même insiste pour qu’on lui reconnaisse le nom d’apôtre. Il commence plusieurs de ses lettres en soulignant que ce n’est pas lui qui a choisi d’être apôtre, mais qu’il y a été « appelé par la volonté de Dieu » (voir Rm 1,1 ; 1Co 1,1 ; 2Co 1,1 ; etc).
L’argument qui lui permet de se dire apôtre ? Comme vous l’écrivez, le fait qu’il ait vu Jésus sur la route de Damas et que le Seigneur l’a « envoyé » (c’est le sens du mot grec apostolos).
Mais Paul est conscient de la difficulté que fait ce titre à certains. Par exemple, il rappelle aux Corinthiens que plusieurs Églises ne le reconnaissent pas comme apôtre : « Ne suis-je pas apôtre? N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur? Si pour d'autres, je ne suis pas apôtre, pour vous au moins je le suis… » (1Co 9,1-2). De plus, comme il l’écrit un peu plus loin, il sait qu’il n’est en réalité pas digne de ce nom : « Je ne suis pas digne d'être appelé apôtre parce que j'ai persécuté l'Église de Dieu » (1Co 15,9). Pourtant, il reconnaît que son ministère d’apôtre a été soutenu par Dieu lui-même, et cela le renforce dans sa conviction d’avoir « droit » au titre apostolique. Oui, c’est l’œuvre de son ministère même qui garantit son apostolicité : « Les signes distinctifs de l'apôtre se sont produits parmi vous: patience à toute épreuve, signes miraculeux, prodiges, actes de puissance » (2Co 12,12).
Pour cela notamment, nous aussi l’appelons apôtre. Et même l’Apôtre (avec la majuscule, et sans ajouter son nom propre !).

