Yves Duteil: "la spiritualité c'est comme un phare sur une jetée"

© John Riggs
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© John Riggs

Yves Duteil: "la spiritualité c'est comme un phare sur une jetée"

Rencontre
Yves Duteil s'est livré au jeu des questions-réponses. Auteur, compositeur et interprète, sa chanson "prendre un enfant" a été élue meilleure chanson française du XXe siècle. Le chanteur a également écrit plusieurs livres.

Votre dernier album, Respect, aborde notamment les attentats terroristes. Etes-vous un chanteur engagé?

Cet adjectif évoque un engagement politique, ce qui n’est pas mon cas. Moi, je me sens libre de m’engager sur des thèmes qui ne sont pas forcément dans l’air du temps, comme la douceur et la vulnérabilité. Mon principal objectif consiste à « remettre les hommes au centre de la ronde », paroles que l’on retrouve dans cet album.

Etes-vous croyant?

Je suis né en 1949 dans une famille juive qui m’a baptisé. Je n’ai pas reçu d’éducation religieuse, mais ce baptême de complaisance a laissé une empreinte. Je me suis découvert croyant quand je me suis surpris à prier dans des moments difficiles.

Et si la clé était ailleurs?, votre dernier livre est à la fois un récit de vie et une quête intérieure. Est-on plus fort lorsque l’on découvre sa spiritualité?

Vivre cette dimension donne un repère, comme un phare sur une jetée. On est plus forts lorsque l’on est convaincus que quelque chose de plus vaste nous englobe.

Votre qualité principale?

L’honnêteté et à la sincérité.

Une rencontre déterminante?

Il y en a eu plusieurs. Tout d’abord Noëlle, mon épouse depuis 43 ans. Elle a allumé la lumière dans ma vie.

Le combat dont vous êtes le plus fier?

Il y en a plusieurs. Dans les années 80, je me suis battu pour un quota de 40 % de chansons francophones à la radio. J’ai aussi fondé une association de prévention et de lutte contre les incendies de forêts. Une partie de mes 75 propositions, nées de discussions avec tous les professionnels de la filière, ont été reprises dans la loi d’orientation forestière. Au moment de clôturer cette association, un tsunami a frappé l’Inde, nous avons construit des bateaux puis une école sur place. Et en tant que maire de ma commune, j’ai inventé un processus de reconquête des zones inondables qui a inspiré la loi Barnier.

Le plus grand honneur que l’on vous ait fait?

Recevoir de la part des immortels la médaille de la poésie de l’Académie française, sous la coupole.

De quoi aimeriez-vous être ivre?

De bonheur bien sûr !

Votre dernier renoncement.

Avec Noëlle, nous ne sommes pas du genre à renoncer. Mais, à certains moments, il faut savoir tourner la page et passer à la suite. Mon opération à coeur ouvert, en 2013, a remis en perspective un certain nombre de choses et m’a contraint à choisir entre les essentielles et les superflues. Je ne me suis pas représenté au poste de maire de ma commune que j’occupais depuis 25 ans.

Ce qui vous plaît le plus dans votre métier.

Etre artiste, c’est instaurer un espace de beauté dans un monde qui en manque.

Ce qui vous ressource?

Le silence est une source inépuisable d’inspiration.

Votre prochain grand projet?

Rêver plus haut.