Joël Burri: Les Églises veulent garder un lien avec les distancés

Joël Burri / © Emilie Muller
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Joël Burri
© Emilie Muller

Joël Burri: Les Églises veulent garder un lien avec les distancés

Rencontre
Joël Burri est le futur rédacteur en chef du journal Réformés. Actuellement responsable éditorial de l'agence de presse Protestinfo. Il se livre au jeu des questions.

Comment vos amis pourraient-ils vous décrire ?

Il paraît que je suis sensible et que je laisse beaucoup de place aux autres pour exprimer leurs personnalités.

Votre qualité principale ?

Je sais gérer les tensions.

Votre livre de chevet ?

Si Dieu était suisse de Hugo Loetscher. Le traducteur qui a fait la version française du livre habitait le même village que moi. Ce recueil de nouvelles est délicieusement cynique et autocritique. C’est une vision drôle et très juste des Suisses avec leurs petits défauts et qualités.

Une rencontre déterminante ?

La théologie. Je suis arrivé à l’Université avec une vie de foi qui m’enfermait. Il y avait beaucoup de jugement. Bien que je n’aie pas été des plus assidu, le fait de remettre certaines choses en question m’a beaucoup aidé. J’ai vécu la théologie comme une libération.

L’article dont vous êtes le plus fier ?

J’ai toute une série d’articles que l’on pourrait qualifier d’insignifiants dont je suis assez fier. Ils mettent en valeur des gens, souvent inconnus, qui oeuvrent au niveau local.

Si vous deviez en choisir un ?

J’ai suivi deux joueurs dans une convention de jeux vidéo. L’un d’eux m’a recontacté par la suite pour me dire qu’il était champion du monde dans une discipline de breakdance. J’ai réalisé son portrait. Et le sujet a été repris par le Crédit Suisse pour lequel il travaillait. Puis quelque temps plus tard, par le New York Times.

Ce qui vous agace le plus dans l’Eglise ?

La volonté de ne jamais blesser, ce qui fait que l’on n’ose jamais dire la vérité aux gens. Je préfère qu’on se dispute et que l’on aille ensuite boire un café plutôt que de laisser pourrir une situation.

Que changeriez-vous dans l’Eglise ?

La nostalgie. A force de regretter l’Eglise d’avant, on va finir par se convaincre que l’Eglise est mourante. Or je suis persuadé qu’elle est plus vivante que l’on ne le croit. J’aime bien rappeler que les gens vont plus à des cérémonies religieuses qu’au cinéma.

Votre prochain défi ?

Le poste de rédacteur en chef du journal Réformés. Notamment donner envie aux distancés d’ouvrir le journal, de se laisser perturber, gratouiller par ce qu’ils peuvent y lire. Le défi majeur sera de trouver un équilibre entre un public paroissial et un autre plus large avec lequel les Eglises veulent garder un lien.

L’avenir du christianisme ?

Je pense qu’après avoir été attirées par les religions orientales, beaucoup de personnes redécouvriront le christianisme et le trouveront pertinent.