Alain Auderset: bulles d'Esprit

© P. Bohrer
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© P. Bohrer

Alain Auderset: bulles d'Esprit

Portrait
Auteur d’une dizaine d’ouvrages, Alain Auderset croque la spiritualité à pleines dents. Ses bandes dessinées reflètent une originalité sans pareil propre à l’artiste qui reste totalement inclassable.

Atelier Auderset à Saint-Imier: une ancienne église reconvertie en lieu de création où les plantes s’épanouissent en toute liberté. Une dizaine de personnes s’attellent quotidiennement au dessin, à l’animation et au graphisme. «Des fois, je me dis que ce lieu ne devrait pas exister. Je me demande souvent comment je vais finir le mois. Mais j’y arrive toujours», plaisante à moitié Alain Auderset. C’est dans la nature du personnage, il fait confiance à sa bonne étoile, ou plutôt à Dieu qui occupe une place prépondérante dans sa vie. 

Rien, toutefois, ne prédisposait le jeune Alain à développer cet attrait pour les questions spirituelles. «Mes parents n’étaient pas plus croyants que cela. J’ai suivi mon catéchisme catholique sans réelle conviction. A l’époque, Dieu me semblait être un concept poussiéreux relégué aux livres d’histoire», se rappelle-t-il. Sa première rencontre avec Dieu et la bande dessinée, il va l’avoir lors d’un ramassage scolaire de vieux papiers. Il tombe par hasard sur une pile de magazines Tournesol édités par la Ligue pour la lecture de la Bible. Quelques années plus tard , «paf», il a une révélation! Il ressent au plus profond de lui l’amour inconditionnel et sans limites d’un Dieu bienveillant qui va influencer la suite de son existence. «Ça débordait de partout! Il fallait que je trouve un moyen de communiquer cela!» 

L’envie de partager

Dès lors, l’adolescent se met à se passionner pour toutes les formes d’expression: musique, écriture, peinture et dessin. Alors que ses parents le destinaient à une école de commerce, c’est finalement à la Haute École d’arts appliqués de La Chaux-de-Fonds qu’il va poursuivre sa formation. En 2001, il publie sa première bande dessinée, «Idées reçues» , en auto-édition. «J’ai tiré 5000 exemplaires avec de l’argent que je n’avais pas. J’ai omis de dire à l’imprimeur que je ne pouvais pas le payer tout de suite (rire). Avec des amis, on s’est mis à prier pour que l’argent vienne. 

Je m’adresse à un public assez jeune qui ne connaît rien au milieu chrétien.

Quelques jours plus tard, un mec m’a téléphoné en me disant qu’il ne savait pas pourquoi, mais qu’il sentait qu’il devait m’aider et qu’il ne savait pas comment. Je lui ai demandé s’il ne pouvait pas me prêter 25 000 francs et il me les a avancés… C’est authentique…!» Ses ouvrages partent comme des petits pains. En trois mois, il a tout vendu, sans avoir de réel réseau de distribution. 

Bulles universelles

«Chaque fois que je dessine ou que j’écris, je me dis que je m’adresse à un public assez jeune qui ne connaît rien au milieu chrétien, ou qui n’en a juste rien à faire. J’aimerais que la lecture soit vraiment un bon moment pour lui… comme si l’on buvait une bière ensemble. J’espère qu’à un moment, le lecteur se dise: «tiens, moi aussi…» J’aimerais qu’il se sente écouté parce que j’arrive à dire ce qu’il y a en lui en retranscrivant ce que j’ai lu en moi.» 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les bandes dessinées d’Alain Auderset sont tout sauf pieusardes ou moralisatrices. A la lecture, on sent l’influence des mangas japonais et de la pop culture télévisuelle et cinématographique. Si Alain Auderset devait citer une seule référence, ce serait l’auteur de bande dessinée Jean Giraud, également connu sous le pseudonyme moebius. Il a notamment réalisé la série western Blueberry et est connu pour ses bandes dessinées de science-fiction avec ses univers oniriques teintés de métaphysique. 

Oeuvres inspirées

L’autre grande influence que l’auteur revendique est certainement un petit, voire un grand, coup de pouce de Dieu auquel il s’adresse très souvent. «Je lui pose des questions et obtiens très souvent des réponses. Des idées me viennent spontanément, auxquelles je n’avais pas pensé auparavant. Des fois, je me dis que ce n’est pas honnête de signer seulement Auderset», dit-il en souriant. Alain Auderset a également consacré une série d’ouvrages en images et textes intitulée Rendez-vous dans la forêt, qui retrace ses moments de méditation privilégiés. 

En parallèle, l’auteur de bandes dessinées se consacre également au one-man-show avec des spectacles aux titres évocateurs comme «Athée non pratiquant» ou encore «Papa Show». Il fait également partie du groupe de musique Saahsal qui reprend un style entre le groupe de metal Evanescence et celui de rock alternatif Radiohead.

Bio express

Alain Auderset, 51 ans, marié, père de quatre enfants. Après une formation de graphiste à la Haute Ecole d’arts appliqués de La Chaux-de-Fonds, il se lance dans la bande dessinée. En 2001, il publie son premier ouvrage «Idées reçues » qui remporte un vif succès. Suivent une dizaine d’autres. Au total, il a écoulé plus 152 000 exemplaires traduits en huit langues. Il vit aujourd’hui à Saint-Imier et est membre de l’Eglise évangélique du Roc. Infos : www.auderset.com.

Souvenirs d’Azvaltya II

Le deuxième tome du voyage onirique d’Alain Auderset vient de paraître. Le lecteur est invité à partager la route de Marcel, qui rencontre amis, amour, trahison et impasses. Ses problèmes sont devenus un fardeau qu’il traîne péniblement derrière lui. Il est paumé dans un monde fantastique peuplé de fleurs géantes, de montagnes, de monstres et de routes vivantes et psychologiquement instables. Un univers à la frontière entre le rêve et la réalité, une sorte de parabole de notre vie intérieure, de nos pensées et de nos émotions. Il se croit seul, mais c’est faux : le créateur d’Azvaltya en personne veille sur lui.

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