Cent ans de pèlerinage et une pandémie

Marie-Armelle Beaulieu / ©DR
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Marie-Armelle Beaulieu
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Cent ans de pèlerinage et une pandémie

Interview
Amoureuse de Jérusalem depuis 35 ans et spécialiste du Saint-Sépulcre, Marie-Armelle Beaulieu est la rédactrice en chef de «Terre sainte Magazine», le magazine chrétien des pèlerins qui a fêté ses cent ans en janvier. Un siècle à raconter cette terre qui est à la fois «témoin des temps bibliques du passé et doit encore descendre du ciel», et dont la visite est aujourd’hui mise à l’épreuve par le coronavirus. Interview.

Comment le voyage spirituel en Terre sainte a-t-il évolué en cent ans?

Tout a changé, à commencer par le temps consacré au voyage. Au début du XXe siècle, les pèlerins prenaient le bateau à Marseille pour se rendre à Jaffa, et terminaient leur périple à cheval. Par la suite, ils débarquaient à Alexandrie puis continuaient en train jusqu’à Damas et Beyrouth, à une époque où ces lignes ferroviaires étaient connectées à Jérusalem. Une telle entreprise nécessitait jusqu’à un mois de déplacement, loin des quatre heures et demie d’avion du trajet Genève–Tel-Aviv aujourd’hui.

Qu’est-ce qui a changé dans le regard du pèlerin?

Si l’objectif reste le même – venir voir et toucher – les représentations sont très différentes. Il y a cent ans, on venait en Palestine mandataire pour retrouver des lieux et des habitants que l’on imaginait inchangés en 2000 ans. Le pèlerinage servait à remonter le temps dans les pas de Jésus, dans une Terre sainte appréhendée comme une succession de reliques à ciel ouvert. On touchait ce qu’avait touché Jésus, on voyait ce qu’il avait vu, c’était une grâce quasi purificatrice. Aujourd’hui, la visite se vit davantage comme l’occasion d’être renvoyé à la vérité de sa propre vie. Le chrétien voit une question s’imposer à lui à mesure qu’il marche: «Et toi, qu’as-tu fait de ton baptême?»

Les visites virtuelles qui ont émergé lors du coronavirus peuvent-elles remplacer l’expérience physique?

Pour celui qui ne peut pas se déplacer, voir la Terre sainte, sa géographie, sa faune et sa flore, même par écran interposé, c’est bien ; cela peut éclairer la compréhension des Ecritures. Mais l’expérience physique de l’incarnation des Ecritures peut bouleverser une vie: cette terre géographique là, Dieu l’a aimée.

Depuis plus d’un an, le pèlerinage à Jérusalem est au point mort. Comment voyez-vous son avenir?

Il a de beaux jours devant lui, problématiques sanitaires mises à part. Plus la société exige de nous rapidité et performance, plus les temps de reconstitution des forces spirituelles sont importants. Et un voyage en Israël/Palestine est plus facile à envisager qu’une retraite silencieuse au fin fond du canton de Vaud, parce que c’est perçu comme une destination de vacances à connotation religieuse. Mais il arrive que partis en touriste, l’on revienne en pèlerin…

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