Rater sa vie...

Joel Burri / ©DR
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Joel Burri
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Rater sa vie...

Édito
«Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a raté sa vie», la phrase prononcée par le publicitaire Jacques Séguéla en 2009 pour défendre le président Sarkozy attaqué sur son goût pour l’horlogerie suisse est immédiatement entrée dans la culture populaire. La phrase a choqué parce qu’elle conditionnait la réussite à un avoir.

Sans doute, une affirmation telle que «Si à 50 ans tu n’es pas en couple» serait nettement mieux passée. Pourtant, nombre de célibataires pourraient dire alors «Qu’on me fiche donc la paix avec mon célibat!», pour reprendre le cri de l’abbé blogueur Vincent Lafargue. Dans le débat sur le célibat des prêtres, il déclare: «Je suis heureux ainsi», comme pourraient probablement le dire de nombreux célibataires par choix.

Pourrait-on alors reformuler: «Si à 50 ans, on n’a pas trouvé le bonheur, c’est qu’on a raté sa vie»? Je crois, en fait, que le plus choquant dans la phrase de Séguéla ne se trouve pas dans la première partie, mais dans la seconde! Notre société hyper-concurrentielle s’en accommode, mais l’affirmation que l’on peut rater sa vie, à elle seule, devrait nous faire réagir.

«La vie a déjà un sens en ce qu’elle est donnée par Dieu», affirme la théologienne Nadine Manson. Et cette promesse nous permet d’aborder nos vies relationnelles, libérés de tout esprit de compétition.