Chères limites

Camille Andrès / © DR
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Camille Andrès
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Chères limites

Édito
Personne n’aime être rappelé à l’ordre. Quant aux limites collectives, elles nous signifient que nous ne décidons pas tout seuls, que nous devons discipliner notre comportement, que nous ne sommes pas tout-puissants.

Bref, qu’il existe un quelque chose – loi, règlement, morale, savoir-vivre, respect… – qui prime sur nos envies et nos désirs.

A titre individuel aussi, les limites peuvent être pesantes. Notre quotidien est envahi de micro-normes hygiénistes intégrées: heures de sommeil, quantité de pas à atteindre, calories et poids idéal, QI, etc. La limite, prison de l’âme?

Et pourtant. Le Dieu chrétien est justement celui des limites, des règles, des lois, et surtout du refus de la toute-puissance illimitée qui peut écraser, dominer, perdre! Les limites nous permettent aussi de vivre. Si l’on peut y voir une étroitesse, elles constituent une condition de liberté. Des cases des agendas aux limites de retraits bancaires, des panneaux de circulation aux lois antipollution, ces normes permettent a minima de structurer le quotidien. Mais elles ont également le rôle de repères avec lesquels on peut jouer, jusqu’à les transgresser. Car chaque frontière peut aussi être vue comme une possibilité.

Nous avons tous nos propres limites physiques, physiologiques, intellectuelles, émotionnelles, existentielles. Pourtant, lorsqu’une chercheuse, un comédien, une footballeuse dépassent les leurs, nous les admirons! Les possibles sont faits pour être transcendés. Cinquante ans après le rapport Meadows qui, le premier, posait des limites à la croissance dans un monde fini, la sobriété n’est pas encore notre tasse de thé, collectivement. Peut-être serait-il temps de regarder en face notre rapport ambigu aux limites? Notre dossier de ce mois vous y invite. Bonne lecture!