Des liens par-delà des barreaux

Marilou Rytz et Monika Bovier espèrent poursuivre leur collaboration dans la Maison lausannoise des solidarités, Jardins Divers. / © DR
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Marilou Rytz et Monika Bovier espèrent poursuivre leur collaboration dans la Maison lausannoise des solidarités, Jardins Divers.
© DR

Des liens par-delà des barreaux

Mots
Par un projet d’écriture, Monika Bovier et Marilou Rytz ont réussi à créer des échanges autour de femmes en détention à la prison de la Tuilière de Lonay et d’habitants proches de cet établissement.

«La porte close, fermée. […] Là, notre vie est en pause.» Ces mots sont extraits d’un poème rédigé par une détenue, anonyme, à la prison de Lonay. A l’origine du projet: une amitié entre Marilou Rytz et Monika Bovier. Les deux jeunes femmes se sont connues à la paroisse du Jorat, où elles ont monté un groupe de jeunes adultes, qui a tenu un an: «C’est l’âge où tout le monde bouge!»

Elles aussi se sont perdues de vue. Monika se forme dans les arts graphiques, Marilou part pour un bachelor en création littéraire. Lorsque Monika entame une transition professionnelle pour devenir diacre et a l’opportunité de faire un stage auprès des détenues de Lonay, elle pense immédiatement à Marilou… Qui, elle aussi, a entamé une reconversion comme assistante sociale. Et est passionnée par la question de la prison, qu’elle a explorée notamment dans son travail de bachelor, qui sera publié cette année (Quand papa est tombé malade, Ed. de l’Hèbe).

Désorientation

Les deux jeunes femmes partagent le même regard sur l’univers carcéral, à hauteur d’individu et sans peur ni préjugé. «La première chose qui m’a frappée en entrant dans une prison, c’est le dédale de couloirs et d’escaliers. La difficulté à s’orienter crée une déstabilisation mentale», observe Monika Bovier. «Puis les espaces dédiés aux mamans avec enfants, qui posent beaucoup de questions: certaines préfèrent ne pas avoir de lien avec leurs enfants plutôt que de les avoir dans cet univers. Quel choix faire? Y en a-t-il un bon?» Ce sont ces interrogations crues sur la prison qu’on entend dans les textes rédigés par la dizaine de détenues que les deux jeunes femmes ont rencontrées au cours de plusieurs sessions d’écriture de cinquante minutes. «C’est très court, juste le temps de laisser sortir les mots», glisse Marilou Rytz. Le thème? «La porte qui claque, la porte close, la porte qui s’ouvre»

Echange hors les murs

Leur point fort a été de mener, en parallèle, le même projet d’écriture avec des personnes hors les murs, de différentes communes (voir l'encadré), et d’échanger les textes entre les deux groupes pour qu’ils les lisent. «L’important, pour moi, c’était de créer du lien», assure la jeune diacre. «Pour les gens qui vivent ici, la prison est un lieu invisible, qui n’existe pas. Or c’est un site énorme, qu’on ne peut pas louper! Ecouter les textes des détenues permet de savoir que des gens sont là, cela les fait exister.»

Afin de garantir l’anonymat des détenues, leurs noms ont dû être modifiés. Mais le cadre du projet leur a permis de s’exprimer en confiance. «Sur chaque thème, elles ont livré un morceau de leur histoire, se sont mises à nues. Se sentir accueillies par des lecteurs hors des murs, cela libère de tout, de la peur du jugement, de l’après», explique Marilou Rytz. La dimension ecclésiale de la démarche a aussi contribué à cette confiance. «Ce projet était réalisé sur les heures normalement consacrées au culte. Nous ne portions aucune attente sociétale», précise Monika Bovier.

En prison comme en dehors, à la lecture des textes, «les gens se remerciaient pour leurs récits, leur sincérité. Alors qu’en détention en particulier, la tendance est plutôt de se tirer dans les pattes! Livrer ses faiblesses n’est jamais facile», observe Monika Bovier, «mais cela donne beaucoup de bienveillance».

En savoir plus

La Porte close, qui claque, qui s’ouvre, Recueil Préveranges 21- 22, Recueil Prison Lonay 21-22, à consulter dans les temples des huit villages concernés: Lonay, Préverenges, Vullierens, Denges, Echandens, Romanel, Aclens, Bremblens.

Information: monika. bovier@eerv.ch.

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