Un petit coup de patte

Un petit coup de patte / © Mathieu Paillard
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Un petit coup de patte
© Mathieu Paillard

Un petit coup de patte

Rodolphe Nozière
21 février 2024
Conte
Ce matin, le soleil se lève sur le village des animaux. C’est le premier jour du printemps.

Chacun s’affaire à ses occupations: l’ours se réveille doucement, le loup pointe le bout de son museau et grogne comme à son habitude, la fouine court partout en quête d’histoires à raconter, s’étant ennuyée tout l’hiver seule dans son terrier, le lapin est déjà dans son jardin à préparer les semis de carottes. Ce jour-là marque aussi l’arrivée de la renarde, qui emménage dans la forêt. Elle trouve un terrier abandonné et s’installe à un endroit bien douillet. Les autres animaux ne l’accueillent pas et ne répondent pas à son «Bonjour, les nouveaux voisins!».

Les jours passent… La renarde est un peu déçue que personne ne lui adresse la parole. Le lapin fuit en la voyant, le loup grogne lorsqu’il la rencontre, la fouine la regarde de travers, espionnant ses moindres faits et gestes, tandis que l’ours l’ignore.

Un soir, un violent orage traverse le village. La pluie tombe durant des heures: toute la nuit et même toute la journée du lendemain. Les terriers sont inondés, le jardin du lapin est totalement saccagé. Tous les animaux sont désemparés et passent la journée les pattes dans l’eau. La renarde leur propose son aide, mais les autres animaux n’en veulent pas: son terrier n’est pas inondé, comment pourrait- elle comprendre leurs difficultés?

Quelques semaines plus tard, les premières chaleurs de l’été rendent les terriers et les tanières de plus en plus désagréables: il y fait beaucoup trop chaud! L’ours ne sait plus comment faire pour se rafraîchir. Il aimerait bien se baigner dans la rivière, mais il n’y a presque plus d’eau. Le jardin du lapin est bien mal en point, et il lui faut arroser chaque jour ses légumes. Mais la rivière est bien loin de chez lui. Pourtant, chez la renarde, tout a l’air d’aller: elle ne se plaint pas de la chaleur.

Intrigués, les animaux commencent à s’intéresser à elle. Elle leur a proposé à tous son aide durant les fortes pluies: «peut-être qu’elle n’est pas si étrange que cela?» se dit le loup qui ne grogne plus. Et c’est ainsi que, petit à petit, les autres animaux commencent par de timides bonjours. Puis ils engagent la conversation avec la renarde, qui leur donne des conseils pour garder un logement bien sec en cas de pluie, frais en cas de grosse chaleur.

L’été se termine et la forêt commence à changer de couleur. Les animaux semblent de nouveau inquiets: que se passera-t-il si de fortes pluies arrivent? Ils se réunissent tous, avec la renarde cette fois, et tentent de trouver des solutions. L’ours a accueilli tout le monde dans sa tanière: c’est, de tout le village, la maison la plus grande et la plus confortable. Soudain, quelqu’un frappe à la porte: c’est un castor, un ami de la renarde et son ancien voisin. Il a été invité par la renarde pour expliquer aux autres animaux comment régler tous leurs soucis en construisant un barrage: éviter les inondations, avoir de l’eau en cas de forte chaleur…

Et c’est ainsi que, dès le lendemain tous se mettent au travail pour réaliser cette construction: les animaux les plus grands et les plus forts transportent les troncs que coupe le castor, les plus petits, apportent des branches ou vont chercher de la terre et tous s’entraident pour édifier ce barrage qui leur permettra de vivre plus confortablement.

L’année suivante, un grand banquet a lieu pour fêter l’arrivée du printemps, réunissant la renarde et son ami le castor, ainsi que tous les autres animaux de la forêt. L’entraide a permis de réaliser un barrage qui évite les inondations, apporte de l’eau au jardin du lapin, et permet à l’ours, ainsi qu’à tous les autres, de profiter d’une eau bien fraîche lorsqu’il fait trop chaud.