
A l’écoute de la Parole autrement
Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre ce ministère particulier de la COSM-VD?
J’ai commencé la langue des signes sans trop savoir pourquoi. Si je peux dire que Dieu a agi dans ma vie, à un moment donné, c’est bien là. Parfois, il met ce goût en nous de quelque chose de plus, ce goût d’aller dans une direction et on ne sait pas trop bien pourquoi. Quelque temps après, durant mon stage pastoral, j’ai eu l’occasion d’animer la 11e année de catéchisme autour de la culture sourde et c’est ainsi que j’ai rencontré mon collègue désormais retraité Jean-Charles Bichet. La communauté a été extrêmement accueillante vis-à-vis des jeunes qui participaient pour la première fois à une célébration en langue des signes, et le contact s’est fait tout naturellement.
Par la suite, Jean-Charles m’a écrit un e-mail en me demandant si je serais intéressée pour lui succéder, en ajoutant que ce serait comme une réponse à de nombreuses prières. Ce message m’a extrêmement touchée et j’ai senti comme un élan inarrêtable en moi qui m’a poussée à accepter sa proposition.
Cette communauté est vaudoise et oecuménique,n’est-ce pas?
Il y a beaucoup de monde. Effectivement, cette communauté est vaudoise et oecuménique. C’est même un des rares endroits où nous pouvons vivre un vrai oecuménisme où nous alternons entre sainte cène protestante et eucharistie catholique.
Chacune et chacun est bienvenu à la table du Christ, et c’est un bonheur de pouvoir vivre ça. La richesse de nos différences avec ma collègue catholique Cristel vient beaucoup nourrir mon ministère.
Concernant le nombre de participants, nous avons un fichier avec environ 300 adresses dessus. Mais, bien sûr, il y a moins de monde durant notre célébration mensuelle.
Il peut y avoir entre 15 et plus de 100 paroissiens qui viennent, tout dépend de l’importance de l’événement, par exemple si c’est un événement spécial. Nous finissons toujours nos célébrations par un repas ensemble, que ce soit pique-nique ou au restaurant. Cela contribue grandement à la cohésion, au lien entre les personnes présentes, et à la fraternité que l’on vit ici.
Qu’est-ce que cela change dans la préparation d’une célébration pour ta collègue catholique et toi? Comment est-elle vécue?
Ce qui change dans la préparation d’une célébration, c’est le soin apporté aux détails visuels et au support visuel qu’il faut pour la communauté sourde et malentendante.
En effet, nous devons créer systématiquement un PowerPoint où tout est écrit dessus. Nous devons aussi réfléchir au vocabulaire utilisé, afin de bien être compris de tous, de ne pas utiliser des mots trop compliqués, tout en faisant passer le message de l’Evangile dans toute sa complexité. Parfois, revenir au noyau du message, rechercher l’essence et l’essentiel du message de Jésus, c’est toute une affaire.
Les entendants peuvent venir aussi
Et oui tout à fait, les entendants sont bienvenus à nos célébrations. Grâce au Power-Point, tout est projeté, donc tout est accessible.
De plus, nous utilisons toujours la voix en même temps que la langue des signes également pour les enfants entendants de parents sourds, ou les visiteurs entendants qui ont plaisir à venir nous rendre visite parfois.
Une célébration inclusive et oecuménique
«Oui, l’Evangile dérange. (…) Il dérange les pharisiens qui n’aiment pas voir débarquer les boiteux, les mendiants. Il bouleverse aussi notre propre confort, nos certitudes.» En ce dimanche de début octobre au Centre oecuménique de Bois-Gentil à Lausanne, la pasteure Julia Durgnat traduit en langue des signes les mots de sa collègue catholique Cristel Gay, elle-même malentendante. Ce duo ministériel entame une nouvelle collaboration en charge de la Communauté des sourds et malentendants qui compte quelque 300 personnes inscrites dans tout le canton. Aujourd’hui,une quinzaine de personnes suit la célébration, adultes et enfants.
Julia Durgnat entonne la louange, l’assemblée chante avec ses mains. Un culte différent. Un beau moment de spiritualité vécue en communauté

