Découvrir la cathédrale avec un franc-maçon protestant

Marc-André Weibel / LV
i
Marc-André Weibel
LV

Découvrir la cathédrale avec un franc-maçon protestant

14 février 2019
Lausanne
Le médecin retraité Marc André Weibel, franc-maçon et chrétien, offre son regard de spécialiste sur la cathédrale de Lausanne, dimanche 17 février, dans le cadre d’une conférence-visite. Interview.

Vous êtes franc-maçon et chrétien, n’est-ce pas incompatible?

Absolument pas. Un des buts essentiels de la maçonnerie est d’éveiller l’intelligence intuitive qui permet de comprendre le monde spirituel et le symbolisme. Le cerveau humain a deux hémisphères. Le gauche fonctionne sur le mode rationnel. Aujourd’hui, nous sommes hypertrophiés de cette intelligence-là et quasiment infirmes en intelligence intuitive qui dépend de l'hémisphère droit.

Une sorte de mystère entoure le secret maçonnique, qu’est-ce que c’est?

C’est justement cette ouverture à l’intelligence intuitive. On ne peut pas le dévoiler avec des mots, car on doit le vivre au travers d’une initiation qui déstabilise le cerveau rationnel pour que l’intelligence intuitive soit stimulée et grandisse. Tout le monde a le secret maçonnique en soi, c’est cette petite voix qu’il faut apprendre à écouter et à laquelle il faut faire confiance. Cette initiation prend du temps.

La franc-maçonnerie n’est pas secrète, mais discrète. Comme elle a mauvaise presse, un maçon n’a pas le droit de révéler le nom d’un de ses frères, car cela pourrait lui faire du tort à cause de l’ignorance de la majeure partie des gens. Toutefois, des jésuites, des curés et bien des pasteurs sont maçons.

Pourquoi les Églises ont-elles systématiquement condamné la franc-maçonnerie?

Ce qui dérange les Églises, en particulier l’Église catholique, est qu’on remet en question les dogmes. Nous ne les appliquons pas, mais essayons de les comprendre dans un sens plus profond. Je souligne aussi que la franc-maçonnerie n’est pas une religion. Les francs-maçons n’ont jamais eu besoin de l’Église pour s’approcher du divin. De plus, elle accuse les francs-maçons d’avoir des secrets inavouables.

En avril 2018, vous avez publié «La Cathédrale de Lausanne se dévoile». Pourquoi cet ouvrage?

J’ai toujours été impressionné, déjà enfant, par ces magnifiques cathédrales gothiques. J’enviais les artisans qui avaient bâti ces édifices. Le côté mystérieux m’attirait également. D’autres parts, quand j’entre dans une cathédrale, je ressens quelque chose de particulier. J’ai voulu comprendre pourquoi et j’ai entamé des recherches. Je n’avais pas du tout l’intention d’écrire un livre, ma recherche était purement personnelle. Mais j’ai découvert tellement des choses fabuleuses, inédites, nouvelles que je ne pouvais les garder pour moi.

Comment expliquez-vous, cette force ou ce bien-être qu’on peut ressentir dans certaines cathédrales?

Je pense que c’est essentiellement grâce à l’harmonie architecturale. Des dimensions avec des proportions simples basées sur des figures géométriques simples. La connaissance de la symbolique des nombres favorise également ce sentiment de plénitude. L’homme qui entre dans une cathédrale comme celle de Lausanne ressent cette harmonie extérieure. Cette perfection architecturale va résonner en lui et peut l’amener à être en adéquation avec lui-même et le monde.

Les constructions gothiques sont entourées de mystères, de croyances et de secrets. On dit parfois qu’elles contiennent les clés pour trouver la pierre philosophale.

Pour moi, la pierre philosophale est une sorte d’union mystique avec le Christ. Quand notre être corporel et physique est parfaitement harmonisé avec le divin qui est en nous, c’est le Graal, la pierre philosophale. Dans cette cathédrale, il y a tout un cheminement initiatique qu’on peut faire et que je décris dans mon livre. En simplifiant, on peut dire qu’il faut commencer par une mort initiatique, en gros se débarrasser de ses habitudes, pour renaître à une nouvelle vie. Pour un chrétien, c’est la conversion. Grâce au Christ qui est mort pour ses péchés, il est libéré. Et c’est ça cette nouvelle vie.

Marc-André Weibel, en quelques mots

Marc-André Weibel est né le 10 juillet 1943, à Winterthur, dans une famille protestante. Chrétien engagé, il a hésité à devenir pasteur, pour finalement se consacrer à la médecine. Marié, père de trois enfants et grand-père de six petits-enfants, Marc-André Weibel est passionné, depuis toujours, par la recherche spirituelle sous différentes formes.

Rendez-vous à la cathédrale

Dimanche 17 février, à 15h45, Marc-André Weibel, invité par l’association «Le Chapitre» donnera une conférence-visite, intitulée «À la découverte de la cathédrale de Lausanne avec un chrétien franc-maçon». La rencontre se déroulera dans la salle capitulaire de la cathédrale.

Pour aller plus loin

Marc-André Weibel est l’auteur du livre «La Cathédrale de Lausanne se dévoile», publié en avril 2018, aux éditions Cabédita.