Affronter la mort pour laisser jaillir la Vie

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Affronter la mort pour laisser jaillir la Vie

Liliane Rudaz
25 mars 2021
Irruption
Au matin de Pâques, trois femmes, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, ont acheté des aromates et se sont rendues au tombeau de Jésus, pour l’embaumer. C’est ce que nous relate l’Évangile de Marc.

Ces femmes étaient dans un moment difficile de leur vie : leur espérance et leur joie s’en étaient allées avec la mort de Jésus. Mais elles affrontaient la réalité de cette mort : elles venaient au tombeau pour prendre soin du corps de Jésus. Un élan intérieur les poussait à retourner vers le tombeau, à accomplir les gestes importants pour honorer le corps sans vie de Jésus. En route, elles se sont néanmoins souvenues d’un obstacle qu’elles allaient devoir affronter : la pierre, cette grande et lourde pierre, qui fermait le tombeau. Soudainement, elles se sont senties fragiles : comment rouler cette pierre, qui les aiderait à le faire?

Arrivées au tombeau, en levant les yeux, elles l’ont constaté avec surprise et émotion : la pierre était déjà écartée. Le tombeau était vide! Un jeune homme vêtu de blanc les a renseignées: «Vous cherchez Jésus de Nazareth? Il n’est plus ici. Il est ressuscité!». Et chez nous aujourd’hui? Quelle est la place que nous accordons à la mort dans notre société? N’est-elle pas souvent considérée comme un ennemi public, à dompter et tenir à l’écart? Trop souvent, elle est perçue comme un échec. Et pourtant, la mort fait partie de la vie.

Oui, il est difficile de penser à la mort. Penser à notre propre mort ou à celle d’un proche nous fait bien souvent peur. Mais, comme les femmes au matin de Pâques, levons les yeux : la pierre est roulée ! Regarder la mort en face permet des perspectives de vie. Si la personne décédée n’est plus à nos côtés, elle peut trouver une place ailleurs. Il est même nécessaire, qu’elle trouve une nouvelle place. Cette place se trouve dans nos souvenirs. Qu’est-ce que la personne décédée m’a appris d’essentiel? Quel est le moment le plus marquant que j’ai vécu avec elle? Ai-je encore quelque chose à lui dire ou un geste à accomplir? Ces questions, et bien d’autres qui peuvent surgir, forment un chemin. Un chemin vers la vie. Malheureusement, nous sommes parfois confronté·e·s à des morts difficiles à accepter. Des morts qui ne devraient pas se produire de cette manière-là ou à ce moment-là. C’était d’ailleurs bien le cas de la mort de Jésus. Au matin de Pâques, les femmes ont affronté ce scandale. Certes, elles étaient encore profondément choquées par la mort violente de Jésus, mais elles se sont mises en route pour prendre soin de son corps. Et ce faisant, elles ont rencontré la vie.

Oser regarder la mort en face, l’intégrer dans nos vies, accomplir des gestes qui nous aident à prendre congé de la personne décédée et lui donner une nouvelle place, autant d’éléments qui nous amènent vers la vie.