Casser la coquille

Quand la vie jaillit... / ©Pixabay
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Quand la vie jaillit...
©Pixabay

Casser la coquille

Christophe Reymond, pasteur à Crissier
25 mars 2021
Tradition
La tradition est bien ancrée. Et même si cette année la Covid-19 nous obligera à nous retrouver prudemment, à Pâques, des œufs seront de la partie… en sucre ou en chocolat, teints ou en salade!

En réalité, cela fait des siècles que l’œuf accompagne les humains. Emerveillées par la pureté de sa forme, fascinées par la vie qui jaillit de l’intérieur, nombre de civilisations l’ont utilisé dans leur mythologie pour raconter l’origine du monde. Symbole de naissance ou de renaissance. Que les œufs accompagnent les fêtes de Pâques n’est donc pas tout à fait un hasard…

Un empereur romain écoutait avec intérêt l’histoire du Christ qu’une jeune femme lui racontait. Elle en arriva à sa mort et sa résurrection. L’empereur eut du mal à croire et à comprendre. Sceptique, il demanda donc à son interlocutrice de faire surgir la vie d’une pierre. Décontenancée, la jeune femme fut évidemment prise au dépourvu… et puis elle eut une idée. Elle acheta un œuf de cane prêt à éclore, l’apporta à l’empereur, et voilà que le caneton commença à casser la coquille. Le monarque, pensif, observa patiemment le petit animal se libérer. Cet œuf, apparemment sans vie, se brisa pour laisser jaillir la vie. Ainsi, dit-on, l’œuf devint l’œuf de Pâques.

Réelle ou imaginaire… l’anecdote est parlante! L’histoire ne dit pas si l’empereur fut convaincu, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que nos coquilles humaines sont multiples : peur, souffrance, rejet, mépris, deuil, échec, blessure du corps ou du cœur… tout ce qui nous enferme sape notre confiance et étouffe notre vie. Comment trouver et recevoir la force d’en briser le poids et la fatalité? La coquille d’œuf, elle, poreuse bien que dure, laisse passer air, chaleur et humidité jusqu’à ce que le poussin ou le caneton trouve la force de sortir.

Nos coquilles humaines, aussi solides et opaques nous paraissent-elles, sont perméables à la présence des autres, à l’amour des nôtres, à la force de la vie. Et puis, c’est encore d’une Parole qu’elles peuvent être traversées: la certitude d’être acceptés tels que nous sommes, la force d’un pardon plus grand que nos errances, une puissance d’amour plus forte que toute forme de mort. Et le Christ en fut le porteur. En lui, Dieu nous montrait son véritable visage. Englués dans leurs contradictions, leurs rivalités, leur soif de pouvoir ou leur lâcheté, aveuglés par leur besoin de désigner un coupable, fût-il innocent, agacés par une exigence d’amour trop dérangeante, les êtres humains ont éliminé le Christ, sur une croix. Seulement tuer dans l’œuf une telle puissance d’amour et de vie, celle de Dieu, est impossible. Même la mort n’y peut rien. C’est la grande nouvelle de Pâques! Dans le Christ, Dieu vient encore et toujours briser les coquilles qui empêchent les humains de naître et renaître à la Vie.

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