Pour que tout le monde mette la main à la pâte

Pour que tout le monde mette la main à la pâte / © Katrin von Niederhäusern
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Pour que tout le monde mette la main à la pâte
© Katrin von Niederhäusern

Pour que tout le monde mette la main à la pâte

21 février 2024
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En paroisse ou dans une autre organisation, votre groupe de bénévoles vous paraît parfois peu impliqué? Quelques pistes tirées du «Manuel d’innovation communautaire» publié par l’OPEC pour comprendre et favoriser la participation collective.

Les individus ont besoin de contribuer à façonner activement leur environnement. Lorsque ce besoin ne peut être satisfait, la dépendance, l’évitement ou la résignation menacent. La participation joue donc un rôle important dans l’innovation communautaire, qu’il s’agisse de celle des bénévoles ou des employé·es. Le terme «participation» vient du latin participare et signifie «faire participer, partager quelque chose avec quelqu’un, prendre part à quelque chose». La participation implique donc un lien de réciprocité: faire participer et participer vont de pair.

Historiquement, l’invention de l’imprimerie a contribué à diffuser la notion de participation. Les livres imprimés ont multiplié les voies d’accès à l’information et au savoir. L’humanisme et la Réforme avaient en outre pour ambition d’élargir l’accès à l’éducation. Plus les individus acquièrent des connaissances, des informations, et plus ils reçoivent une éducation, plus ils ont l’envie et les possibilités de participer au développement de la vie communautaire.

La participation: le «sacerdoce de toutes les personnes baptisées»

Trois aspects du «sacerdoce universel», décisif dans la théologie protestante, où toutes et tous sont égaux devant Dieu, occupent aujourd’hui une place centrale en Eglise: la structure démocratique de l’Eglise et la gouvernance partagée de celle-ci, l’aptitude à lire la Bible et à être responsable de sa foi, et le travail avec les bénévoles, c’est-à-dire le fait d’ouvrir la participation. L’Eglise zurichoise a choisi de mettre l’accent sur ce troisième aspect du sacerdoce universel. Elle encourage différentes formes de vie ecclésiale, soutient les initiatives de ses membres et donne des moyens pour les mettre en oeuvre. Il paraît évident, d’un point de vue théologique et sociologique, que l’innovation communautaire nécessite la contribution non seulement des collaboratrices et collaborateurs de l’Eglise, mais également des bénévoles.

Les bénévoles et le personnel

L’idée du «sacerdoce de toutes les personnes baptisées» a donné lieu à une nouvelle compréhension théologique de l’implication de chaque individu dans la Réforme: pour leur foi et leur salut personnels, les personnes croyantes ne dépendent plus d’un prêtre qui se fait médiateur avec Dieu. Au contraire, toutes, entretiennent une relation directe avec l’Eternel et trouvent le salut par sa seule grâce, sans aucune intervention de leur part ou redevance financière (à titre de «justification»). Leur vie en est transformée et prend un nouveau départ. La grâce ainsi reçue leur confère une attitude qui les amène à vivre d’une manière toujours plus proche de ce qui plaît à Dieu («sanctification»). Elles se soutiennent mutuellement dans cette démarche.

En transposant ce modèle à la paroisse, les pasteur·es se voient confier une fonction spécifique: ils et elles ont la possibilité d’encourager, d’accompagner et de soutenir d’autres personnes à travers leur foi, afin que celles-ci puissent développer de nouvelles capacités et exercer leur «sacerdoce». Aujourd’hui, les bénévoles veulent apporter et améliorer leurs compétences dans le cadre de projets de durée déterminée. Ils et elles souhaitent participer aux discussions et à la prise de décisions, et ne se contentent pas d’exécuter ces dernières.

Le fait de modifier le rôle des bénévoles change aussi celui des professionnels d’Eglise: ces derniers organisent les interventions des bénévoles et les forment afin que ces personnes puissent assumer des responsabilités, notamment dans les domaines de la prédication, de l’aumônerie, de la diaconie, de l’enseignement, de l’innovation et de la gouvernance. Ils découvrent ainsi le potentiel et les ressources de ces bénévoles, leur apportent motivation et enthousiasme.

Confiance et transparence

Pour ces bénévoles, ils aménagent des possibilités de participer à la vie ecclésiale et communautaire et trouvent de quoi les financer. Tout en ayant une vue d’ensemble, ils veillent à ce que toutes et tous gardent le cap sur l’objectif commun et les réponses aux questions de sens. Ce faisant, les collaboratrices et collaborateurs d’Eglise deviennent des facilitateurs qui donnent à d’autres personnes la possibilité de développer leur pouvoir d’action et de faire valoir leurs compétences en faveur de l’ensemble de la communauté. Mais attention, changer ainsi de rôle, devenir facilitateur·ice et non simple collaborateur·ice ne peut se faire qu’à condition d’avoir confiance dans le fait que les autres feront bien leur travail et de communiquer clairement les conditions-cadres.

Décider par consentement

Objectif

Un groupe prend une décision que toutes et tous approuvent et soutiennent.

Préparation

Expliquer le principe de consentement: une décision est validée lorsqu’aucune objection de fond ne subsiste. Par exemple: «cela ne permet pas de réaliser l’objectif» (fonctionnalité) ou «cette démarche ne répond pas à notre mission première». Des arguments tels que «je ne veux pas» ne sont pas considérés comme des objections.

Mise en oeuvre

Structurer le processus décisionnel:

– Tour(s) de table des informations: chaque personne fait part à tour de rôle de ce qu’elle sait sur le sujet.

– Tour(s) de table des opinions: chaque personne exprime son opinion, les solutions possibles sont notées.

– Tour(s) de table des consentements: la personne qui modère formule la proposition de solution. Chaque personne peut émettre des objections. Celles-ci sont entendues et les solutions sont adaptées en conséquence. Dès qu’il n’existe plus d’objections à une proposition, cette dernière peut être réalisée.

Quelques règles pratiques

– Un modérateur ou une modératrice guide la discussion, ce qui n’empêche pas qu’il ou elle exprime aussi son opinion.

– Ce n’est pas une discussion ouverte. Chacun et chacune attend son tour.

– Chaque personne porte la responsabilité du bon déroulement de la séance.

Evaluation

Cette solution n’est pas parfaite, mais la plus adéquate à cet instant-là. Réitérer ce processus lorsque de nouveaux éléments apparaissent.

Pour les réfractaires à la méthode

Chaque semaine, demander à une personne si elle aimerait aider à organiser ou prendre en charge une tâche que vous réalisez habituellement seul·e (par exemple, faire le catéchisme, raconter l’histoire illustrée dans les moments de chant entre parents et enfants, faire l’accueil au culte).

Participer

Participer signifie prendre part et contribuer à la prise de décisions. Pour qu’une personne puisse participer, encore faut-il qu’une autre personne lui donne cette possibilité. Si l’une doit montrer de l’intérêt et de la motivation, l’autre doit être disposée à faire des concessions. L’intérêt et la motivation sont d’autant plus prononcés que la personne se sent directement concernée par les décisions ou les activités.

Un espace qui encourage la participation?

– Lorsque tout le monde est invité à participer, tout le monde sait quel rôle endosser.

– Chaque membre s’exerce à écouter et à faire preuve de patience et de tolérance face à l’erreur.

– Chacun·e se réjouit devant chaque besoin exprimé, si petit soit-il.