Rendre visite

Rendre visite / © Mathieu Paillard
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Rendre visite
© Mathieu Paillard

Rendre visite

Anne-Sylvie Martin, diacre vaudoise
29 novembre 2023
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Une visite, c’est le trait d’union entre deux humains. C’est aussi la source de la vocation d’aumônière de la diacre Anne-Sylvie Martin.

Avez-vous remarqué? On dit «rendre visite». Le verbe «rendre» implique que quelque chose a déjà été donné. Si je rends visite, c’est bien qu’un jour je l’ai moi-même reçue, même lorsqu’il s’agit d’une première rencontre.

Dans la Bible, l’aveugle Bartimée s’inscrit dans ce flux-là. Il a entendu Jésus, puis l’a interpellé sans se laisser décourager par ceux qui l’entouraient et s’est présenté à lui tel qu’il était. Bartimée va oser se montrer vulnérable. Et qu’est-ce qu’il va mendier? Un regard de pitié, dit la traduction. La pitié n’a pas tant bonne presse de nos jours, on lui préfère de loin le mot «empathie». Mais la juste traduction du mot grec eleeo, ce serait «miséricorde». La miséricorde est une forme de compassion pour le malheur d’autrui à laquelle s’ajoute la notion de générosité. Elle touche le coeur (cordum).

Et le Christ va à son tour aller à la rencontre du mendiant, le visiter. Il va l’interroger: mais cette question lui rend la parole, lui rend sa dignité. Et Jésus, lui annonçant que sa foi l’a sauvé, le reconnecte à ses propres ressources et renonce à toute prise de pouvoir.

Etre écouté avec miséricorde, être remis debout par une question, être rendu à soi-même libre, parfois guéri, mais surtout «sauvé»: si vous avez vécu ces trois étapes lors d’une visite, alors, oui, vous avez été vraiment rencontré! Et si un jour vous rendez visite à votre tour, alors vous redonnerez seulement quelque chose que vous avez déjà reçu.

Un aveugle appelé Bartimée, le fils de Timée,
était assis au bord du chemin et mendiait.
Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit
à crier: «Jésus, Fils de David, prends pitié de moi!»
Beaucoup lui faisaient des reproches pour
le faire taire, mais il criait de plus belle. […]
Jésus s’arrêta et dit: «Appelez-le.»
Ils appellent donc l’aveugle et lui disent:
«Courage, lève-toi, il t’appelle!»
Alors il jeta son manteau, se leva d’un bond et vint
vers Jésus. Jésus lui demanda: «Que veux-tu que je fasse
pour toi?» L’aveugle lui répondit: «Rabbouni, ce qui
signifie ‹maître›, fais que je voie de nouveau!»
Et Jésus lui dit: «Va, ta foi t’a sauvé.»
Aussitôt, il retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
Marc 10, 46-52 (Nouvelle Bible en français courant)

Cette réflexion est un résumé d’une prédication d’Anne-Sylvie Martin, diacre vaudoise, inspirée par un commentaire biblique de l’autrice Marion Muller-Colard.

Lire et écouter la prédication sur www.celebrer.ch