Rencontre.Pour Pierre Paroz, théologien et enseignant à Bienne, le conte de Noël sert de tremplin vers la découverte d’une clarté, il annonce la tendresse de Dieu dans la sécheresse du monde. «Le conte est une évocation qui éclaire le quotidien de la vie. A chacun de donner suite à cette mise en évidence. De même le miracle de Noël prend en considération l’épaisseur et la dureté sociales qui touchent ceux qui se débattent, livrés à la malice du temps et de la société et leur donne espérance et réconfort ».

Dans la tradition populaire, le conte de Noël associe souvent la naïveté et la candeur au miraculeux. Pierre Paroz, lui, a choisi de prendre cette tradition à contre-pied avec ses histoires puisées dans le quotidien des gens.

« L’histoire de Noël, c’est quelque chose d’attendu et d’offert, le conteur s’y glisse comme un relais pour continuer la tradition», dit-il. Un rôle de passeur qu’il affectionne tout particulièrement. «Quand on enseigne la catéchèse, on découvre très vite que si on n’intéresse pas, on se fait chahuter ».

« Le récit oral fascine, des plus jeunes aux aînés. C’est un moment de complicité. Cette magie-là ne s’est jamais démentie à travers les âges», commente-t-il.

A travers ses douze récits, Pierre Paroz transpose les écrits de la Bible sous un angle nouveau, accessible à chacun. Sa plume est aérée, précise, souple. Ses qualités de conteur sont éminentes, ses mots entraînants. « Pour un conte, la dimension littéraire n’est pas primordiale, c’est une partition de musique faite pour être dite de vive voix et partagée». L’auteur reconnaît cependant qu’il est nécessaire de recourir à une certaine dose d’humour et d’autodérision pour que le récit prenne une tournure attrayante.

Son inspiration, Pierre Paroz l’a trouvée au fil des années dans son travail de pasteur de paroisse, au hasard de ses lectures et de ses rencontres. « Ce sont des choses qu’on porte en soi, qui vivent avec nous, la visite d’une idée au détour d’une pensée, d’une réflexion, d’une conversation ». Magie de l’imaginaire qui rassemble dans une même veine la veuve d’un instituteur gréviste russe, un "psy" et son patient privé de nombril, un peintre égaré dans les bas-fonds, un marchand de cacahuètes frileux, un âne fugueur, des invités inopportuns autour de la crèche de l’enfant Jésus. L’envoûtante Shéhérazade y trouve également sa place, par la grâce du conteur qui a su glisser une note de Noël dans un repli de cette histoire.

Tour à tour, ses personnages contribuent par leurs anecdotes à mettre en lumière la bonté divine et le besoin de l’homme de s’y laisser porter. Le message reste constant même s’il revêt des apparences diverses au gré de l’époque, des circonstances et des lieux. « L’extraordinaire nous rencontre au sein de l’ordinaire, c’est le propre du conte de Noël, ce qu’on y retrouve en filigrane», se plaît à dire le pasteur.

L’ambition de cet ouvrage est d’ouvrir une parenthèse de fraternité dans le quotidien, parfois subversive, car, « quand Dieu s’immerge dans l’aventure humaine, cela dérange l’ordre des choses ».

Docteur en théologie, Pierre Paroz a été pasteur de la paroisse de Villeret durant neuf ans, puis de celle de Moutier durant dix-huit ans. Aujourd’hui il donne des cours de religion, de philosophie, de psychologie et de pédagogie au gymnase français de Bienne ; il enseigne aussi la religion et l’éthique à la Haute Ecole Pédagogique (HEP) de Bienne. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages. «Parenthèse, contes de Noël», Pierre Paroz, Editions du Roc 2735 Bévilard, roc@ijc.ch