Le théologien rappelle que pour comprendre les trois religions, il faut absolument prendre en compte le contexte historique et socioculturel dans lequel elles se sont développées. Sa mise en perspective des trois manières de se référer à Dieu, de rendre compte de l’humain, d’organiser son rapport au monde et à la société, ne passe pas sous silence les ambiguïtés de chacun des monothéismes et ses dérives possibles. L’auteur compare le statut que chacune donne à son livre fondateur, la Bible juive, la Bible chrétienne et le Coran et met en parallèle la façon dont sont conçues et vécues la ritualité, la mystique, la vision de l’au-delà et l’articulation à la modernité de chacune des religions. Cette confrontation met en évidence les visions différentes de Dieu, de l’humain et du monde proposées par les trois textes sacrés. Elle témoigne de la diversité des rapports qu’entretiennent les croyants à Dieu et à leur Livre. Après avoir rappelé que son regard ne peut être totalement neutre dans son approche des religions du fait de son origine occidentale et de son appartenance chrétienne, Pierre Gisel retrace les grandes lignes des trois monothéismes, les inscrivant dans l’histoire : le judaïsme est issu d’une recomposition de la religion de l’Israël ancien à l’œuvre dans les derniers siècles de l’ère courante et les premiers de cette même ère ; le christianisme représente historiquement une dissidence juive, plus proche, au départ, des Pharisiens que des Sadducéens et du Temple ; apparu plus tardivement au 7eme siècle, l’islam s’inscrit dans une généalogie qui passe par le judaïsme et le christianisme. Mais ce dernier se veut une révélation de type prophétique du Dieu un et unique, faite à Mahomet. Ce qui poussa le Prophète à fonder une nouvelle communauté de croyants, l’umma, rompant avec le lignage au profit d’un seul territoire et englobant l’ensemble du monde, dont la Mecque est le centre. Pour le musulman, le Coran est un recueil de paroles divines « éternelles, parfaites, inimitables et incomparables », un ensemble de lois révélées concernant le religieux comme le politique. Au lecteur néophyte la confrontation de Pierre Gisel peut paraître austère. A l’évidence, il n’a pas écrit un ouvrage de vulgarisation sur « Les monothéismes pour les Nuls ». « Les monothéismes, judaïsme, christianisme, islam », Pierre Gisel, 178 pages, février 2006, éd. Labor et Fides.