Berlin-Est: une communauté protestante suisse rachète un cloître pour un euro

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Berlin-Est: une communauté protestante suisse rachète un cloître pour un euro

28 octobre 2009
Deux familles, un célibataire, des stagiaires: une partie de la communauté Don Camillo de Neuchâtel s'est installée à Berlin-Est depuis deux ans dans un cloître à rénover. D'autres villes comme Hambourg sont déjà intéressées.

Concrètement, la communauté de Montmirail a acheté le « Stadtkloster Segen » pour un euro symbolique. Mais tout ou presque doit être rénové. Construit au milieu des maisons sur la Schönhauser Allee dans le quartier de Prenzlauer Berg, il compte une église, des logements et un jardin. Quand les travaux seront finis, une dizaine de chambres d'hôtes devraient permettre d'accueillir les visiteurs.

Dans le quartier, près de 10% des habitants sont des protestants », a expliqué à ProtestInfo Georg Schubert, qui a quitté Montmirail pour Berlin. Cette ville allemande compte près de 3,5 millions d'habitants, dont un tiers appartient à la religion protestante. Wittenberg, la ville où a vécu le réformateur Martin Luther se trouve à une centaine de kilomètres de là seulement.

L'athéisme en ex-RDA est-il similaire à celui que l'on rencontre en Suisse?

« Non, c'est vraiment différent », juge M. Schubert. « Des personnes ici qui n'ont simplement aucune idée de ce qui se passe dans un culte ou dans une Eglise. Je vous donne un exemple. Nous avons reçu la visite de jeunes gens, âgés de 19 à 22-23 ans, qui faisaient l'armée. Après la prière, un des jeunes hommes s'est approché et nous a demandé: ' au milieu du culte, quelqu'un s'est levé et a lu un texte: c'était quoi?' Nous lui avons expliqué qu'il s'agissait d'un texte de la bible ».

Votre projet est donc de développer une vie spirituelle en ville, dans un lieu relativement déchristianisé. Vous considérez-vous comme de nouveaux missionnaires?

«Dans ce quartier, c'est déjà mieux que dans d'autres anciens quartiers de l'Est où la proportion de protestants tombe sous la barre des 10%. Nous ne sommes pas des missionnaires, mais plutôt des témoins. Nous offrons une présence visible et fiable en ville, car c'est ce qui manque ici. Les gens n'ont plus l'habitude que l'Eglise soit là».

«Pour développer une vie spirituelle en ville, nous suivons des modèles comme celui de Madeleine Delbrêl, une Française catholique, qui a vécu à Ivry dans les années 50. Ou de l'Italien Carlo Carretto, qui a écrit « Le désert dans la ville », pour répondre aux interrogations de jeunes gens qui vivaient à Hong Kong».

«Pour survivre en ville, une personne se crée une bulle, a poursuivi M. Schubert. «Dans la rue, elle essaie de ne pas se laisser toucher par trop de choses, par les vendeurs de rue, les mendiants, les toxicomanes».

Développer une spiritualité en ville, c'est vraiment différent de votre expérience à Montmirail?

« Si quelqu'un voulait venir à Montmirail, il s'annonçait et venait passer quelques jours. Ici, les gens viennent jeter un coup d'oeil pendant un culte ou la prière de midi, et s'en vont après 10 minutes».

Vous êtes des protestants qui vivez en communauté. Les protestants ont plutôt la réputation d'être des individualistes.

« Nous avons créé une communauté à Montmirail dans le canton de Neuchâtel il y a une vingtaine d'années. C'était un mouvement de jeunes laïques, qui voulaient vivre selon l'Evangile. Cela s'inscrivait dans les préoccupations des années 70. C'était quelque chose d'assez normal à l'époque. Ce qui est particulier, c'est que nous avons survécu».

« Et notre démarche ici intéresse déjà d'autres villes, comme Hambourg», a précisé Barbara Schubert.

 

NOTE:
Pour en savoir plus www.stadtklostersegen.de