Vaud: soupe à la grimace chez les réformés – manne pour les catholiques

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Vaud: soupe à la grimace chez les réformés – manne pour les catholiques

11 mars 2010
Susana Garcia, Esther Gaillard, Marie-Denise Schaller et Xavier Paillard.

Lausanne - Les deux Eglises vaudoises, catholique et réformée, compteront le même nombre de salariés d'ici 2025. A l'origine de ce rééquilibrage, les changements démographiques au sein de la population vaudoise, où les catholiques sont désormais plus nombreux que les protestants. La révolution culturelle vaudoise se poursuit.

« Jusqu'en 2006, l'Etat payait les pasteurs, a rappelé Eric Golaz, chef de service au Département de l'Intérieur jeudi devant la presse à Lausanne. Pour les catholiques, le canton versait le salaire nominalement aux prêtres de peur que l'argent ne parte à Fribourg ou Rome ». Avec la nouvelle Constitution vaudoise, les réformés se sont éloignés du giron de l'Etat tandis que les catholiques s'en sont rapprochés.

Conséquence: les réformés perdent 28,5 équivalent plein temps (EPT) au profit des catholiques dans un délai de 15 ans. En 2025, les deux Eglises compteront 204,5 EPT chacune. A cela s'ajoute pour l'Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV), un couplage avec des mesures d'économie budgétaire, qui font passer le nombre de postes à supprimer d'ici 2025 à 35 EPT.

Ni licenciement, ni retraite anticipée « Cela se passera sans licenciement, ni retraite anticipée », a souligné Xavier Paillard, vice-président de l'EERV. En effet, des départs massifs à la retraite – 197 EPT – sont prévus d'ici 15 ans. Il s'agira alors dans les faits d'engager 162 EPT. « Près de 10 personnes seront engagées chaque année », a-t-il poursuivi.

Pour les deux Eglises, il fallait éviter le « crash » avec une introduction trop rapide. Les catholiques de leur côté ont aussi besoin de temps pour former le personnel adéquat, a relevé Marie-Denise Schaller, présidente de la Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud (Fedec-Vaud).

Ce traitement identique des deux Eglises est également l'occasion pour elles de développer des missions communes, a expliqué la présidente de l'EERV, Esther Gaillard. « Les missions exercées en commun par les deux Eglises le sont au service de tous. Elles travailleront ensemble ou par subsidiarité ».
Missions communes prioritaires Avec ces missions communes, les Eglises proposent un accompagnement spirituel et humain dans les domaines de la formation, de la santé, de la solidarité et de l'interreligieux. Cinquante-cinq EPT au total y sont consacrés.

Si ces missions en commun sont clairement prioritaires, comme le travail des aumôniers dans les hôpitaux, les EMS ou les prisons, des choix devront toutefois être fait dans les activités des Eglises. « L'effort devra être partagé, mais le back office sera évidemment davantage touché que les services qui assurent les missions centrales des Eglises », a assuré M. Paillard.

« Il n'existe pas de Tarmed religieux », a souligné M. Golaz. « Dieu merci », a répondu quelqu'un dans la salle. « Le travail des Eglises se décline en missions. Les moyens sont ensuite négociés pour chacune des missions. La présence des Eglises est par exemple requise dans les hôpitaux. De plus, les services de l'Eglise sont ouverts et offerts à tous ».

INFOS

Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, les Eglises catholique et réformée sont désormais des institutions de droit public. Elles sont les seules organisations dont le droit à un subventionnement du canton est reconnu au niveau constitutionnel, a souligné M. Golaz.

La Constitution contient également un article qui indique que l'Etat tient compte de la dimension spirituelle de la personne et qu' il prend en considération la contribution des Eglises et communautés religieuses au lien social et à la transmission de valeurs fondamentales, a rappelé Jean-Marc Zwissig, adjoint au Vicaire épiscopal de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud.


Statistiques

Selon les statistiques 2009, Vaud compte un tiers de protestants (255 327), un tiers de catholiques (259 989), soit 72% de la population totale (713 660). L'inscription de la confession dans les documents officiels adéquats est donc essentielle pour les Eglises, rappelle M. Paillard.
Signature

Quatre représentants des Eglises réformée et catholique vaudoises ont signé jeudi matin devant la presse à Lausanne un nouvel accord de rééquilibrage des postes: Esther Gaillard, présidente de l'Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV), Xavier Paillard, vice-président de l'EERV, Marie-Denise Schaller, présidente de la Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud (Fedec-Vaud) et Susana Garcia, secrétaire générale de la Fedec-Vaud.Archive

  • Voir l'article publié le 7 décembre 2009 sur le site de ProtestInfo, intitulé « Les réformés vaudois restent bien ancrés, mais réduisent la voilure »