Cure d'amaigrissement: Lausanne en première ligne

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Cure d'amaigrissement: Lausanne en première ligne

31 mai 2010
Lausanne s'apprête à payer un lourd tribut aux mesures d'économies qu'amorce l'Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV). Tous les secteurs de l'institution, ou presque, sont visés. Etat des lieux avant le synode de juin.


Par Samuel Ramuz

Huit postes biffés d'ici à 2018, dont 1,5 au 1er juillet. Dans la douleur, la région 12 de l'EERV - Lausanne et Epalinges - se prépare à son régime minceur. Ses huit paroisses et deux services communautaires, pour un total actuel de 23,5 équivalents plein temps (EPT), arrivent en première ligne des réductions d'effectif qu'amorcent les réformés vaudois. «Sans licenciement ni retraite anticipée», affirme son exécutif, le conseil synodal.

Protestants moins nombreux

En dix ans de 2001 à fin 2009, le nombre de protestants (ndlr: déclarés) de la région 12 a chuté de 23 %. " A Lausanne, on compte aujourd'hui 24,2 % de protestants et 38,7 % à Epalinges ", expliquent Guy Dottrens, ministre de coordination de la région 12 et Philippe Vallotton, chancelier de la même région. Du coup, le conseil synodal juge la capitale surdotée. Ainsi, Lausanne et Epalinges vont perdre 34 % de leurs postes contre 10 à 15 % dans les autres régions du canton.

Mais comme autorités d'engagement, il revient aux conseils régionaux d'appliquer les mesures qui s'imposent. Ce qui place le pasteur lausannois et quelques-uns de ses collègues, ailleurs dans le canton, dans une position inconfortable de juge et partie.

Dans un premier temps, les 11 et 12 juin prochains, le synode de l'Eglise réformée aura la haute main sur les allocations de postes touchant tous les secteurs. Des aumôneries aux paroisses en passant par les offices cantonaux, une enveloppe globale de 244 EPT sera soumise aux délégués, ramenée à 220 à l'horizon 2018, moyennant quelques ajustements intermédiaires. Dans l'immédiat, «les postes repourvus ne bénéficient donc d'aucune garantie de maintien», précise Marc-André Freudiger de l'Office des ressources humaines. Dans les régions, on devrait toutefois y voir plus clair dès l'automne.

En chiffres, rappelons que la convention de subventionnement signée entre l'Etat et l'EERV en novembre lui assure une manne annuelle de plus de 35 millions pour accomplir ses missions auprès de public. «Et ceci indépendamment de l'accord de rééquilibrage entre catholiques et protestants pour 2025», précise Eric Golaz, chef de service au Département de l'Intérieur. «C'est 10 % en-dessous des espérances du conseil synodal (ndlr: l'exécutif)», affirme Max Blaser. Du coup, forcée de pister d'autres sources de financement, l'institution a rassemblé tous ses ministres il y a quinze jours dans sa maison retirée de Crêt-Bérard, sur les hauts de Puidoux.

Rétablir la confiance

«Pour que les gens donnent, il faut que qu'ils sachent précisément à quels besoins l'Eglise répond», a martelé Eric Jaffrain, expert en marketing non-marchand et conférencier d'un jour. Selon lui, l'offrande n'est possible qu'à condition d'une confiance restaurée entre institution et population. Et les ministres – pasteurs et diacres – ont à ce titre un rôle à jouer. «Sans pour autant devenir des chasseurs de fonds», note Max Blaser.

Malgré un déficit chronique depuis trois ans, qui devrait se répéter lors des deux prochains exercices, les mesures d'urgence prises en décembre pour verser une poignée de salaires ne devraient pas être reconduites pour 2011. A l'image de la contribution de solidarité sollicitée auprès des employés de l'Eglise.

Fait nouveau, l'exécutif envisage de revaloriser le parc immobilier de l'institution. Les pièces vides de la Maison de l'Arzillier, dédiée au dialogue interreligieux et située dans le chic quartier lausannois de Rumine, risquent d'être bientôt transformées en appartements. Le tout pour une rentrée annuelle estimée à 100 000 fr. «Soit quasi l'équivalent d'un poste», compare Max Blaser, dont le successeur au poste de caissier de l'EERV prendra ses fonctions le 1er septembre.