Des protestants à l'origine de Greenpeace

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Des protestants à l'origine de Greenpeace

24 novembre 2011
Il y a 40 ans, en septembre 1971, un couple de protestants pacifistes américains organisait à Vancouver un comité pour dénoncer le sort fait aux loutres par les essais nucléaires américains en Alaska. Ce mouvement deviendra rapidement l’organisation non-gouvernementale Greenpeace.


Par le journal Réforme

En septembre 1971, le navire baptisé tout juste « Greenpeace » quitte Vancouver pour l’Alaska, afin d’aller observer les essais nucléaires américains. C’est le début du mouvement écologiste Greenpeace. Mouvement protestant prônant le pacifisme

A l’origine de cette dénonciation, Dorothy et Irving Stowe, un couple de quakers américains, mouvement protestant prônant le pacifisme.

Devant les loutres dont les tympans ont été crevés à cause des essais nucléaires américains échouées sur les plages en Alaska, le couple Stowe s’insurge, lance une pétition et organise une campagne de dénonciation avec d’autres militants « Don’t make a Wave », ne pas faire de vague, en référence au tsunami craint par les écologistes à cause des essais nucléaires.

Irving Stowe, avocat américain émigré au Canada, organise en 1972 le premier concert de solidarité pour Greenpeace. Il se retire ensuite et décède d’un cancer en 1974. Sa femme et sa fille Barbara restent dans l’organisation. D’autres militants comme Paul Cote, également militant pacifiste, et le couple Bohlen rejoignent le comité de Irving Stowe « Don’t make a wave ».

Les garde-côtes américains empêchent le navire d'arriver jusqu'à Amchitka, mais l'initiative éveille l'intérêt du public pour les essais, que Washington abandonne l'année suivante. Entre-temps le comité a pris le nom du bateau. Greenpeace était né et s'est bientôt étendu bien au-delà de la ville de Vancouver.

Après Vancouver, Amsterdam

Son quartier général est aujourd'hui à Amsterdam, des bureaux existent dans des dizaines de pays et celui du Canada se trouve à Toronto.

Pour ses fondateurs et ses dirigeants, ce n'est pas un hasard si l'organisation est née à Vancouver, entre mer, forêt et montagne, au sein d'une population très diversifiée. « Greenpeace était le reflet de l'époque, mais aussi de l'endroit, déclare Bruce Cox, chef de Greenpeace Canada. Il y a ici une très grande conscience environnementale. »

Dans tout autre endroit, Greenpeace n'aurait peut-être jamais vu le jour. « Nous voulions lancer un mouvement écologiste. Il y avait des mouvements de droits civiques, des mouvements de femmes et d'autres pour la paix. Mais il manquait un vrai sens de l'écologie. C'est ce que nous voulions créer et non fonder une organisation internationale ou rendre Greenpeace célèbre », explique Rex Weyler.

Ce dernier, jeune journaliste arrivé des Etats-Unis dans les années 60, a participé à la fondation du comité et a navigué sur le Greenpeace. « Nous allions changer le monde... D'une certaine façon, cela a marché, n'est-ce pas? »

Des succès et des échecs

Greenpeace a connu succès et échecs. Ses campagnes vigoureuses contre la chasse à la baleine et aux phoques ont suscité beaucoup de critiques. Mais son financement, fondé sur des dons personnels, sans aide gouvernementale, et son recours à une argumentation scientifique rigoureuse lui ont valu aussi des hommages.

Le bureau français ouvre en 1977 mais doit fermer en 1987, deux ans après l'attentat contre le Rainbow Warrior. Le gouvernement français a été accusé d’avoir fait sauté le navire de l’association car il était en route vers Mururoa où la France procédait à des essais nucléaires. La section française ouvre à nouveau en 1989.

Les valeurs de Greenpeace

Pierre Gleizes, reporter photographe à Greenpeace, témoigne des valeurs défendues par l’ONG et dresse le bilan d’une organisation qui fête cette année ses 40 ans:

"D’une certaine manière, les valeurs sont celles des quakers : apporter un témoignage pour dénoncer.

De la même façon, Greenpeace est soucieux de maintenir sa transparence financière : chacun peut consulter sur Internet les budgets de l’organisation, les accusations de manipulation sont infondées. L’argent de Greenpeace provient des dons individuels ; les dons des entreprises 
et des mouvements politiques ne sont pas acceptés.

Greenpeace, première organisation de défense de l’environnement au monde, compte trois bateaux, deux mille salariés répartis dans quarante pays et environ trois millions de donateurs." (Réforme)