L’Alliance pour le dimanche fait bloc contre les modifications de la loi sur le travail

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L’Alliance pour le dimanche fait bloc contre les modifications de la loi sur le travail

Laurence Villoz
22 août 2013
Dans un mois, les Suisses devront décider s’ils acceptent que les magasins des stations-services soient ouverts le week-end et la nuit. Remis en question par un référendum muni de 90 000 signatures, ce projet divise. L’
Alliance pour le dimanche a lancé sa campagne mercredi en Suisse romande.




«Il faut stopper cette marche infernale vers un libéralisme pur et dur», a dit Josiane Aubert, conseillère nationale socialiste et vice-présidente du syndicat Travail.Suisse, mercredi à Lausanne devant la presse. Dénonçant cette «politique du salami», elle voit en cette initiative un pas vers la libéralisation totale du travail nocturne et dominical.

Une trentaine d’organisations se sont ainsi unies sous le nom d’Alliance pour le dimanche afin de militer contre ce projet. Parmi elles, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, la commission catholique Justice et Paix, le syndicat Unia et la société suisse de médecine du travail.

Sur les 320 000 personnes actives dans la vente en Suisse, 200 000 d’entres elles sont des femmes.

Sur les 320 000 personnes actives dans la vente en Suisse, 200 000 d’entres elles sont des femmes. Travaillant sur appel, avec des horaires fragmentés, elles gagnent souvent moins de 4000 francs brut par mois. «On travaille les samedis, les dimanches et les jours fériés sans compensation, on va faire quoi de nos enfants si on doit encore travailler la nuit», s’inquiète une employée d’une station-service.


Aucune convention collective de travail (CCT) ne protège complètement les travailleurs dans la vente. «A cause du travail sur appel, je n’ai presque plus de vie sociale», déplore une autre employée qui ajoute craindre être agressée quand elle fait toute seule la fermeture de la station-service.

Une initiative "néfaste"

Cette initiative introduirait pour la première fois en Suisse la journée de 24 heures dans le commerce de détail, en supprimant l’interdiction de travailler la nuit et le dimanche. Le projet a pourtant été largement soutenu par le Conseil national et le Conseil des Etats. «Ce changement de loi ne profitera ni aux travailleurs, ni à la majorité de la population», déplore Jean Kunz, secrétaire régional d’Unia Vaud.

«Les effets néfastes du travail de nuit sur la santé sont inquiétants», relève Elisabeth Conne-Perréard, médecin inspectrice du travail. En plus de troubles du sommeil et de fatigue chronique, les travailleurs de nuit ont 40% de risques supplémentaires de développer une maladie cardio-vasculaire. Une augmentation des cancers du sein a aussi été constaté chez les femmes employées de nuit. «L’être humain est un animal diurne», rappelle la doctoresse.

Le travail nocturne peut aussi avoir des conséquences sur la santé mentale et provoquer des états dépressifs. «La plupart des personnes qui travaillent la nuit dans les shops n’ont pas la possibilité de bien dormir la journée car elles vivent souvent avec des petits enfants dans des appartements modestes et mal isolés», ajoute Elisabeth Conne-Perréard. Si le travail de nuit est nuisible pour la santé, il a aussi des conséquences sur la vie communautaire.

Un retour en arrière

«Bien que la plupart des gens ne vont ni au culte ni à la messe le dimanche, ils ont la possibilité de le faire», relève le pasteur Pierre Farron de la pastorale œcuménique dans le monde du travail à Lausanne. «La culture humaine est fondée sur la mémoire mais les personnes qui ont proposé ce projet semble avoir oublié», ajoute ce pasteur. En effet, ce n’est qu’en 1877 que le dimanche férié a été instauré en Suisse. «Certaines personnes clament que travailler le dimanche est une évolution mais c’est un retour en arrière», constate ce pasteur qui s’interroge sur la place donnée au travail et à la consommation dans la société actuelle.

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