«Les institutions ne savent pas reconnaître un certain travail bénévole»

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

«Les institutions ne savent pas reconnaître un certain travail bénévole»

15 décembre 2014
Faute de reconnaissance institutionnelle, le théologien geek neuchâtelois Nicolas Friedli met fin à trois aventures web. Depuis la semaine passée, etudierlatheologie.ch, devenir-protestant.ch et parpaillot.ch ont disparu de la Toile. Interview

Propos recueillis par Joël Burri

Nicolas Friedli, vous avez clos etudierlatheologie.ch, devenir-protestant.ch et parpaillot.ch, pourquoi?

Sur le web, une manière de reconnaître le travail de quelqu’un, c’est de faire un lien. Mais bien que plusieurs membres de Conseils synodaux ou du corps enseignant de faculté de théologie m’ont dit qu’ils appréciaient mon travail, jamais aucun site d’Eglise ou de faculté n’a fait figurer le moindre lien vers mes sites. Ce doit être par manque de culture web. C’est donc par manque de reconnaissance institutionnelle que j’ai décidé de mettre fin à ces publications.

En même temps, il s’agissait d’initiatives individuelles, aucune demande n’a émané des Eglises.

Mais c’est aussi vrai qu’individuellement plusieurs responsables d’Eglise m’ont dit apprécier l’un ou l’autre de ces sites. Indirectement, j’ai appris que si l’on ne voulait pas faire de lien vers mes sites, c'est car j’étais totalement indépendant. En même temps, aucune Eglise ne m’a jamais approché pour me proposer une charte rédactionnelle ou quelque chose du genre. D’ailleurs, un lien est aussi vite supprimé qu’ajouté! Pour moi, c’est assez révélateur de quelque chose: les institutions ne savent pas reconnaître le travail individuel. Un autre exemple, c’est l’Eglise vaudoise qui ne fait aucun lien vers les blogs de ses pasteurs, alors qu’il y a quelques excellents blogueurs parmi les ministres vaudois.

Quand j’ai menacé de fermer, on m’a dit qu’il faudrait essayer de trouver un temps partiel pour soutenir mon travail. Mais ce n’est pas un emploi que je cherchais, juste une forme de reconnaissance. Dans l’Eglise, j’ai l’impression que dès qu’un bénévole fait autre chose que d’installer des tables dans une salle de paroisse, il y a une forme de méfiance. Cela m’interpelle. À plus forte raison en étant depuis peu employé partiellement par une institution ecclésiale.

Quelle histoire se cache derrière ces différents sites?

Etudierlatheologie.ch est un nom de domaine qui était utilisé par les facultés de théologie quand elles ont créé le prix pour les gymnasiens. Ensuite, elles ont abandonné ce nom de domaine du jour au lendemain, mais je me suis rendu compte à l’occasion d’un mariage que des affiches avec cette adresse étaient toujours présentes dans certains lieux d’Eglise. Pour moi, on ne peut pas abandonner un domaine comme ça. J’en ai donc fait un recueil d’information sur les formations théologiques. Il a toujours été clair que les facultés de théologie auraient pu récupérer ce nom de domaine ou les 650 à 700 followers Twitter liés. Mais il n’y a jamais eu de demande dans ce sens.

Devenir-protestant.ch est parti du constat que mis à part sur le site de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure, nulle part sur le web romand, il n’y avait de page pour expliquer aux internautes comment devenir protestant. Pourtant, et Protestinfo le signalait encore à l’occasion du compte-rendu du dernier consistoire de l’Eglise protestante de Genève: aujourd’hui, on n’est plus protestant parce qu’on est né dans une famille protestante, on le devient.

Enfin Parpaillot.ch c’était juste une revue de presse et de web. C’est un travail que je fais pour moi, et je pensais que dans toutes les chancelleries d’Eglise il y avait quelqu’un qui le faisait. J’ai été étonné de l’accueil très positif reçu par ce site. Je continue à le faire, et parpaillot reste disponible par e-mail ou flux RSS, mais j’ai arrêté les présences sur les réseaux sociaux.

Quelles ont été les réactions à ces fermetures?

Plusieurs personnes m’ont dit regretter mon choix, mais toujours à titre individuel. Je préfère me réjouir de la création du site aimez.ch d’Olivier Keshavjee, je trouve que c’est une excellente démarche que d’appeler à la solidarité des réformés sur le web. Et le projet de traduction libre de la Bible par Claire Clivaz semble bien parti.