L’unité de la Communion mondiale anglicane est menacée

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

L’unité de la Communion mondiale anglicane est menacée

Trevor Grundy
29 décembre 2014
L’archevêque de Canterbury, Justin Welby, fait le point sur la situation de l’Eglise anglicane après avoir rendu visite aux 38 provinces ecclésiastiques de la Communion mondiale. Il émet la possibilité d’une séparation.

Photo: Justin Welby CC (by 2.0) Episcopal Diocese

(RNS-Protestinter)

Canterbury - L'archevêque de Canterbury Justin Welby a partagé ses craintes de voir l’unité de la Communion anglicane se fissurer, en raison de forts désaccords concernant l'ordination épiscopale des femmes et les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), dans un long entretien publié dans le quotidien britannique The Times.

Cette interview sincère s’est déroulée après les visites de Justin Welby aux 38 provinces ecclésiastiques qui composent la Communion anglicane à travers le monde. L’archevêque a déclaré que, bien que les églises individuelles restent «fortes, résistantes et prospères», les différences entre elles demeurent profondes.

«En étant réalistes, nous constatons que malgré tous nos efforts, il existe une possibilité que nous ne puissions plus rester unis, en tout cas pour un temps», a-t-il déclaré. «Je pense que dans certaines situations, des membres pourraient prendre leur distance, puis revenir, en fonction de ce qu’il se passe».

Rod Thomas, président de Réforme, un réseau évangélique d’anglicans anglais et irlandais opposés à l’ordination des femmes et à l’union des personnes LGBT, est d’accord avec l'analyse de l'archevêque. «Si en tant qu’anglican, vous croyez plus ou moins les mêmes choses, mais que vous ne parvenez pas à un accord sur quelque chose qui est terriblement divisant, vous allez devoir continuer vos chemins séparément. Cela signifie que les dirigeants des diverses églises anglicanes dans le monde ne seront plus capables de se réunir ensemble et dire: «regardez, nous sommes tous unis», comme ils l’ont fait dans le passé». Rod Thomas est également membre du Synode général, l'organe dirigeant de l'Eglise d'Angleterre. «La question qui nous divise ne porte pas seulement sur la sexualité», a-t-il ajouté. «Il s’agit de la façon dont nous tenons aux enseignements de la Bible».

Un écart entre l’Afrique et Canterbury

Justin Welby a déclaré que certaines Eglises, en particulier en Afrique, trouvent difficile de ne former qu’une seule Communion anglicane mondiale. «Mais cela prendrait longtemps pour que le lien latent avec Canterbury cesse d’être un facteur important au niveau de la Communion et de la vie des membres». Toutefois, l’autorité de archevêque est contestée par un réseau mondial d'églises anglicanes conservatrices connues sous le nom Fraternité des anglicans confessants (FCA). Ce réseau est composé de responsables qui viennent des Eglises d’Afrique, d’Asie, d’Australie, d’Amérique du Sud et de quelques Eglises nord-américaines.

La tournée de l'archevêque lui a fait parcourir le monde du Brésil au Soudan du Sud et du Rwanda à la Corée du Sud, où il a assisté en 2013 à l’Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises (COE). Dans son interview au Times, il a soulevé la question d’une future Conférence de Lambeth. Il s’agit de la convocation régulière de Canterbury qui réunit tous les évêques de la Communion anglicane. Cette conférence a généralement lieu tous les 10 ans, et la dernière s’est déroulée en 2008, quand Rowan Williams était encore archevêque.

Justin Welby a reconnu qu’il exprimait des points de vue très différents de ceux de quelques évêques anglicans qu’il a rencontrés lors de son tour du monde. Il a parlé d’ une visite qu’il avait faite aux Etats-Unis comme d’un «véritable cadeau sur le plan de communication. Au moins, il nous a été possible de comprendre pourquoi nous étions en désaccord les uns avec les autres».