Après avoir vécu sans Dieu pendant une année, l’ancien pasteur Ryan Bell ne croit plus

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Après avoir vécu sans Dieu pendant une année, l’ancien pasteur Ryan Bell ne croit plus

Chris Stedman
19 janvier 2015
Début 2014, le nom de Ryan Bell avait fait le tour du monde. Cet ancien pasteur adventiste du septième jour avait annoncé son projet de passer une année à vivre comme un athée. Après cette expérience, il admet avoir définitivement perdu la foi.

, RNS/Protestinter

Image: Twitter (@ryanjbell), DR

Après avoir tenu son blog «une année sans Dieu» pendant un an, Ryan Bell — qui travaille maintenant comme directeur de PATH en Californie du Sud (un regroupement d’organismes qui a pour but de loger des personnes sans domicile fixe) — a annoncé dans une interview donnée à NPR (la radio publique américaine) ne plus croire en Dieu. Ryan Bell a répondu aux questions de Religion News Service (RNS) sur sa décision et sur ce qu’elle signifie pour lui et ses proches.

Vous avez dit à NPR «je ne crois pas que Dieu existe». Pouvez-vous nous en dire plus?

Ryan Bell: Je pense que la meilleure façon d’expliquer la conclusion à laquelle je suis arrivé — et le mot conclusion est trop fort pour la situation provisoire dans laquelle je me trouve pour l’instant, et à partir de laquelle je travaille — c’est que l’énergie intellectuelle et émotionnelle qu’il faut pour comprendre comment Dieu se tient dans tout ce qui est, est de loin plus importante que de traiter avec la réalité telle qu’elle se présente à nous. Cela semble probablement très irrationnel, et je veux que les gens sachent que j’ai lu plusieurs douzaines de livres et compris un bon nombre de leurs arguments. Je dirais simplement que l’existence de Dieu semble être une couche de complexité supplémentaire qui n’est pas nécessaire. Le monde a plus de sens pour moi comme il est, sans postuler un être divin qui serait de quelque manière responsable des choses.

Vous avez dit aussi «je suis au fond toujours la même personne que celle que j’étais avant». Qu’est-ce qui a été précieux au cours de cette année écoulée? Voudriez-vous le refaire?

Je voudrais clairement le faire à nouveau! Et j’irai un pas plus loin: je pense que d’autres devraient le faire aussi. Chaque fois que vous avez l’occasion de sortir de votre zone de confort, vous apprendrez des choses importantes sur vous-même et le monde. J’ai appris que les athées ne sont pas les nihilistes pitoyables que beaucoup de chrétiens pensent qu’ils sont. J’ai aussi eu quelques remarquables moments d’ironie. Une fois que j’assistais à un rassemblement d’athées, j’ai entendu l’orateur parler de «voir la lumière» et de «finalement trouver la liberté». Ce qui m’a frappé alors, c’est que la plupart des gens sont vraiment à la recherche de la même chose.

Prévoyez-vous encore d’écrire sur le sujet, de prendre la parole et de militer dans la communauté athée?

Je le fais, dans une certaine mesure. Je ne pense pas que je me joindrai à une croisade visant à détruire toute religion de sitôt, même si certains jours, je suis tenté. Je connais juste trop de bonnes personnes qui sont croyantes pour voir la religion comme un mal universel. Mais je ne pense qu’il y a beaucoup de travail à faire avec et parmi les athées. J’ai un intérêt particulier pour les post-théistes — ces gens qui sont dans la phase d’entre-deux que j’ai habitée l’année passée —. Il y a des milliers et des milliers de gens qui sont dans cet entre-deux, et il n’y a presque rien pour eux dans le monde de la religion. J’aimerais prendre part à ce dialogue.

Après un an, que pensez-vous des priorités et des actions du mouvement athée aux États-Unis?

Dans l’ensemble, j’aime la recherche de la vérité dans laquelle tout est permis. J’aime l’honnêteté et la clarté de la parole qui font si souvent défaut dans les cercles religieux, où tout est formulé de manière métaphorique ou insinué. D’un autre côté, je répugne à un scientisme étroit d’esprit que je rencontre parfois — comme si la science avait toutes les réponses à toutes les questions qu’une personne peut se poser. Il y a aussi une espèce de suffisance et de condescendance, ce qui est difficile pour moi. J’ai tout de même des dizaines d’amis chrétiens qui ne sont pas idiots. Leur foi ne peut pas se comparer au fait de croire au Père Noël. Plus le mouvement athée se comporte comme les évangélistes itinérants que j’ai rencontrés comme chrétien conservateur, plus je grince des dents — et pour les mêmes raisons.

Votre tendre moitié est chrétienne. Comment allez-vous faire avec cela?

C’est difficile parfois, mais ma femme est une personne réfléchie, à l’esprit ouvert. Je pourrais dire qu’elle est une humaniste chrétienne, ou une humaniste dans la voie de Jésus, si cela a du sens. Je partage toujours un amour pour les histoires du Jésus radical qui préfère les pauvres et les opprimés, donc nous ne sommes pas aussi différents que cela peut paraître en surface. En outre, notre relation ne se limite pas aux les débats sur l’existence de Dieu.

Que voudriez-vous dire aux gens qui s’interrogent sur ​​vos motivations ou sur votre sincérité?

Il n’y a pas grand-chose que je puisse dire. Je ne me sens pas comme si j’avais besoin de me défendre. J’ai seulement perdu de l’argent et un potentiel de revenus cette année, mais je ne changerai rien. Je suppose que je ne peux pas plus prouver que je ne suis pas malhonnête, que je ne puis prouver que Dieu n’existe pas. Les gens n’ont qu’à évaluer ce qui fait évidence pour eux, et décider par eux-mêmes.

Vous avez vécu en tant que chrétien, et en tant qu’athée. Est-ce qu’il y a une chose particulière que vous aimeriez que plus d’athées sachent sur les chrétiens?

Je souhaite que plus de chrétiens sachent que les athées ne sont pas des nihilistes qui n’ont aucun sens à leur vie, ou des gens qui n’ont aucune boussole morale. Ils ne rejettent pas Dieu obstinément. Tous les athées que j’ai rencontrés se sont sérieusement heurtés à un mur de briques alors qu’ils cherchaient à connaître Dieu. Je souhaite que plus d’athées sachent que les chrétiens se soucient profondément de la recherche de la connaissance et de la vérité. Ils ne sont pas stupides. Dans chacun des deux groupes, il y a un pourcentage de gens ignorants, mais si on y regarde de plus près, les intellectuels chrétiens ont grandement contribué à l’élaboration de la connaissance humaine à travers l’histoire.