Le web, un lieu d’Eglise à part entière

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Le web, un lieu d’Eglise à part entière

8 juin 2016
Protestinfo propose régulièrement des éditos rédigés par des membres des rédactions de Médias-pro.

Joël Burri, responsable de Protestinfo, partage une réflexion ramenée de la Conférence européenne de l’internet chrétien.

Photo: Le drapeau de l'ECIC flottait devant le centre de formation de Ljunskile

En 2002, Charlotte Fryckelund a perdu un fils. Elle s’est vite rendu compte qu’elle ne pouvait pas en parler autant qu’elle en aurait eu besoin avec ses amis, car ces discussions les attristaient. Cette prêtre luthérienne de l’Eglise de Suède s’est donc retrouvée à partager ses chagrins avec des inconnus sur internet.

Cette expérience la conduite à réorienter sa carrière: elle est désormais pasteure sur internet! Depuis dix ans, son Eglise qui proposait déjà une ligne d’écoute par internet propose un service similaire par chat sur ordinateur ou smartphone. C’est cette expérience qu’elle est venue raconter à la quarantaine de responsables de projets web d’Eglise réunis la semaine passée près de Göteborg, en Suède, dans le cadre de l’European Christian Internet Conference (ECIC – Conférence européenne de l’internet chrétien.)

Charlotte a une certitude: chatter sur internet ce n’est pas pareil que téléphoner ou rencontrer un pasteur. «Certaines personnes sont beaucoup plus à l’aise pour se confier par chat qu’ils ne le seraient en physique ou au téléphone.» Ce média permet donc offrir une relation d’aide à des personnes qui n’auraient jamais osé en faire la demande autrement. Les statistiques de l’Eglise de Suède montrent d’ailleurs que la proportion de personnes proche de commettre un suicide est plus élevée par internet que par téléphone. Comme si l’absence de langage corporel libérait la parole.

Pas question toutefois pour Charlotte Fryckelund de n’envisager la toile que comme un outil pour amener les fidèles sur des bancs d’église: «Sur internet, je prie avec des gens, je rencontre des gens, je partage avec des gens. Mis à part les sacrements j’y vis tout ce que l’on vit dans une Eglise.»

Nos Eglises enracinées dans leur découpage territorial sont-elles prêtes à vivre une expérience spirituelle avec des fidèles dont elles ignorent même où ils se trouvent? Après la présentation de Charlotte, j’étais plutôt convaincu: «L’Eglise doit être là où sont les gens.»