Putin, Hitler, Stalin

Vladimir Putin
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Vladimir Putin

Putin, Hitler, Stalin

14 mars 2023

Dans une discussion autour de la grâce de Dieu, quelqu'un affirmait que Putin ne pouvait être considéré comme juste par Dieu. Quelqu'un d'autre affirma le contraire : si la grâce de Dieu est vraiment grâce, Dieu peut considérer un Putin, un Hitler ou un Stalin comme autant de justes en dépit de tout le mal dont ils sont responsables. Peut-on départager ces deux opinions ?

Première remarque : si les services de renseignements de Vladimir Putin lisent ce blog, puis-je les prier de le lire jusqu'à son terme ?

Deuxième remarque : on ne peut se mettre dans la « tête » de Dieu et savoir ce qu'il pense. Il convient donc de renvoyer dos à dos les deux contradicteurs.

Pourtant, affirmera le second protagoniste du débat évoqué en entête, aux yeux d'un chrétien, Dieu a donné à connaître un certain nombre de choses à son propos en Jésus de Nazareth. Parmi ces « choses », il y a centralement que Dieu offre gratuitement tout ce qu'il nous donne. Il n'y met aucune condition. Il n'y a pas besoin de l'aimer pour qu'il nous aime. Il n'y a pas besoin de respecter, même partiellement, sa loi pour qu'il nous veuille du bien. Il n'est même pas nécessaire que je manifeste l'intention de bien faire pour qu'il me pardonne tout le mal que je fais. Aucun préalable n'est exigé pour que je sois aimé de Dieu.

Jésus n'exigeait pas – à ce que nous rapportent les évangiles – de ceux qui étaient peu respectueux ou irrespectueux de la loi de Dieu de d'abord demander pardon, de montrer patte blanche en faisant au moins une bonne action à l'égard de leur prochain, de montrer une once de piété ou de pitié... pour qu'il se mette à table avec eux. Il mangeait avec eux et leur disait par son geste – et probablement dans le contenu de leur conversation – qu'ils étaient aimés de Dieu en dépit de tout ce qu'ils pouvaient se reprocher et de ce que l'on pouvait leur reprocher.

Ici on me rétorquera que c'est bien facile de parler en général de l'amour inconditionnel de Dieu, mais continue-t-il de s'appliquer à ceux qui en ont été informés et qui n'en tirent pas les conséquences pour leur comportement ? Putin se dit croyant. Il participe avec ostentation à des services religieux. Il doit probablement avoir entendu parler des conséquences qu'il est invité à tirer dans sa vie quotidienne de l'amour inconditionnel de Dieu à son endroit. Ne s'exclut-il pas du pardon de Dieu, si, par exemple, il ne pardonne pas à ceux qu'il considère comme l'ayant offensé ou ayant offensé son peuple ?

Mais qui suis-je pour déterminer si Dieu retire à Putin son amour à cause des actes barbares, des crimes de guerre et des probables crimes contre l'humanité qu'il cautionne ? Dieu seul peut en décider. Je puis d'autant moins émettre un jugement à ce propos que je sais que j'ai personnellement besoin de l'amour inconditionnel de Dieu. Il me faudrait faire systématiquement ce qui est bien aux yeux de Dieu pour être à même de juger du comportement et, au travers de lui, de la personne d'autrui. Or, comme l'apôtre Paul (Romains 7), je sais, au plus intime de moi-même, que je ne fais pas le bien que j'aimerais et que je devrais faire. Constamment – parfois même en désirant bien faire – je fais le mal que je hais ou que je devrais haïr.

Et il me faut même aller plus loin dans mon appréciation de ma situation. Si je m'érige en juge du bien et du mal, est-ce que je ne me mets pas à la place de Dieu ? Dans le mythe du jardin primitif, les humains sont tentés de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal et, nous explique le texte de Genèse 3, de « devenir comme des dieux » ou comme Dieu. En jugeant Putin incapable de continuer à bénéficier de l'amour de Dieu à cause de son refus de tirer les conséquences de l'amour que Dieu a manifesté à son égard, je me mets à la place de Dieu. Je ne respecte pas la souveraineté de Dieu sur ma vie. Je me coupe donc de Dieu. J'ai besoin moi aussi du pardon de Dieu, donc de son amour inconditionnel parce que je me suis érigé en juge. C'est que je ne juge pas seulement de Putin et, ce faisant, prend la place de Dieu. Je juge de tout et de rien et en particulier ne cesse de juger la personne de mon prochain et ainsi de prendre la place de Dieu. Moi non plus je ne tire pas les conséquences de la grâce que Dieu m'a offerte gratuitement.

Ici mon interlocuteur m'arrêtera. Il me dira que je suis bien obligé de juger pour vivre et même parfois pour survivre. Banalement, au magasin, je dois juger de la qualité des légumes, choisir entre tel article et tel autre. Je ne cesse de juger. Certes, mais n'y a-t-il pas une différence entre apprécier la qualité d'un produit par rapport à un autre et porter un jugement définitif sur autrui ? N'y a-t-il pas un monde entre dire que telle marque de café est immonde et affirmer que les crimes de Putin ne peuvent être pardonnés, même pas par Dieu ? Et, sans aller si loin, suis-je en mesure de juger de la personne d'autrui ? Si je puis dire d'un employé qu'il fait mal son travail, qu'il est négligent, qu'il cause du mal à mon entreprise, suis-je en doit de le considérer comme irrécupérable ? Si je dois, en tant que juge, effectivement protéger la société des méfaits d'un ou d'une criminel-le, méfaits qui risquent de se répéter, si je dois lui donner une occasion de s'amender et de changer de manière de considérer son rapport à la société en passant quelques temps en prison, suis-je en droit de lui signifier qu'il ou elle est impardonnable, même par Dieu ? Je suis certain que je n'en ai pas le droit.

Ce dialogue avec mon interlocuteur fictif me conduit à laisser tout jugement « dernier » à Dieu. Mes jugements ne seront toujours qu'avant-derniers et relatifs, même si nécessaires. Par contre, de l'amour inconditionnel que Dieu m'a témoigné en Jésus de Nazareth, je puis et même dois tirer une conséquence. Ma responsabilité est de faire savoir à tous les Putin de ce monde qu'ils sont non seulement aimés inconditionnellement de Dieu, mais qu'ils sont aussi appelés à en tirer les conséquences au mépris de tout ce qu'exige la situation, en dépit de tous les compromis auxquels nous sommes habitués et contraints dans notre monde, nonobstant le mal qu'il m'arrive de faire en voulant bien faire...

Dès lors, si les services de renseignement de Vladimir Putin lisent ce blog jusqu'à son terme, puis-je leur demander de le transmettre au premier à être concerné par les lignes qui précédent ? Et si tous les intermédiaires entre les mains desquels il passera pouvaient en tirer de la graine, je suis certain que notre monde en sera un petit peu changé. Plus je ne puis faire. Je ne puis que répéter la parole de grâce qui m'a été transmise depuis deux mille ans à moi qui en ai autant besoin que tous les Putin, les Hitler et les Stalin de ce monde.

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