Digression sur un vieil ascenseur en panne

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Digression sur un vieil ascenseur en panne

Alain Wimmer
29 octobre 2023
Peut-on se passer de son téléphone portable ? Une Plume d’Erguël du pasteur de Sonvilier Alain Wimmer, parue dans la Feuille d’avis du district de Courtelary le vendredi 27 octobre.

L’autre jour, j’écoutais une émission de radio qui parlait de pannes d’ascenseurs. Le responsable de la maintenance disait que si on était bloqué dans un ancien ascenseur qui ne possède pas de bouton d’appel relié à une centrale, il suffisait de rechercher sur internet l’adresse du « call center » et d’appeler du secours. Et que si on n’avait pas de téléphone, alors il fallait crier…

Si on n’avait pas de téléphone, portable et connecté donc… Ça m’a fait réfléchir. C’est incroyable comment en quelques années ces petits appareils se sont imposés dans nos vies. Et pas seulement comme une sorte de prolongement des bras de nos jeunes, mais comme prolongement des bras de tout le monde, quel que soit notre âge ! Moi qui me targue de ne (presque) pas aller sur les réseaux sociaux, je l’ai pourtant toujours avec moi, ce téléphone et je le consulte plus souvent qu’à mon tour…

Et ça, ça me questionne. Jeunes ou vieux, pauvres ou riches, du Nord ou du Sud, (presque) tout le monde sur cette terre en a un de ces smartphones, alors qu’ils n’ont été inventés il n’y a que 15 ans ! C’est évident que cet objet a mille utilités, ne serait-ce que de nous sortir d’un ascenseur en panne, mais on peut aussi s’interroger sur ce qu’il nous apporte réellement. Et peut-être surtout sur ce qu’on y recherche… et sur ce qu’on y trouve. Et du coup, ça me questionne sur mes dépendances et sur ce qui compte vraiment dans ma vie d’humain…

Qu’est-ce qui est vraiment important dans ma vie ? Qu’est-ce qui compte vraiment ? Pour quoi, pour qui ai-je envie de donner ma force, mon temps, mon énergie ? De quoi, de qui dépend ma vie pour qu’elle vaille la peine d’être vécue ? De quoi, de qui est-ce que je dépends vraiment ?

Un sage qui vivait il y a 2000 ans, dans un pays où toute sagesse a malheureusement aujourd’hui disparu, disait à ses contemporains : « là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».

Il est là l’enjeu : mon trésor, ce qui compte vraiment pour moi, ce dont je dépends, c’est cela qui va diriger mon cœur, c’est-à-dire ma volonté, mon intelligence et mon âme, ce qui m’anime. Alors la question du sage est toujours essentielle, aujourd’hui comme hier, au-delà des progrès de la technologie : quel est mon trésor ?