
Les Églises réformées Berne-Jura-Soleure veulent revaloriser le métier pastoral
Le constat est clair. Beaucoup de paroisses ne parviennent pas, ou seulement avec difficulté, à repourvoir leurs postes vacants. Le corps pastoral vieillit et les catéchètes se font moins nombreux. Le recul des membres aggrave le problème. La voie qui se dessine pour sortir de l’impasse a été décrite dans un document de travail et présentée aux délégués des Églises réformées Berne-Jura-Soleure lors du Synode des 17 et 19 novembre à Berne. Parmi les idées centrales : porter un autre regard sur l'engagement bénévole ; développer les profils professionnels de l'Église ; repenser l’interprofessionnalité ; aller à la rencontre de la jeunesse et réformer la formation. Ce document est en phase de développement et d’affinement. Un message prêt à être soumis au vote des délégués devrait être élaboré d’ici le Synode d’été 2026.
Les réflexions sur l’interprofessionnalité ne portent pas seulement sur la pénurie de personnel et les possibles contre-mesures, mais aussi et surtout sur le remodelage de la vie paroissiale et l’optimisation des ressources humaines disponibles. Sans surprise, le Synode a donc accepté lundi l’institution d’une commission non permanente pour la promotion de l’interprofessionnalité. En assumant une fonction de comité consultatif, cette entité devrait faciliter l’implication précoce du Synode dans le processus de transition. « Cela favorisera la transparence, car les membres seront en mesure d’informer régulièrement leurs fractions afin d’intégrer leurs observations dans le processus », a estimé Kurt Zaugg, délégué de la Fraction Groupe Synode ouvert.
Pasteurs mieux payés
Quoi de mieux qu’une augmentation de salaire pour revaloriser une profession ? Sur ce point, les délégués synodaux ont accepté la proposition d’affecter l’ensemble des desservants, à savoir les pasteurs qui assument un remplacement avant leur 65 e anniversaire ou qui conservent une activité pastorale au-delà de l’âge de la retraite, à la classe de traitement 23. Jusqu’ici, les émoluments d’un desservant correspondait à la classe 21 et celui d’un pasteur à la classe 23. Ces règles remontent à l’époque où les ecclésiastiques des Églises nationales bernoises étaient encore employés par le canton de Berne.
Le règlement du personnel sera adapté pour une entrée en vigueur de la modification au 1 er janvier 2026. L’Association des paroisses du canton de Berne (ADP) a toutefois fait savoir que si le prestige social des pasteurs continuait à se détériorer, l’introduction de cette mesure incitative ne suffirait probablement pas, à elle seule, à renforcer l’attractivité du ministère pastoral en général. « L’exercice d’une telle profession se nourrit principalement de la motivation intrinsèque de la personne », a tenu à rappeler l’ADP. À noter que le Synode a écarté une variante moins généreuse, qui prévoyait l’affectation des desservants à la classe de traitement 23 avant 65 ans, puis à la classe de traitement 21.
Inspection des troupes
Cet été, le personnel des services généraux et les membres du Conseil synodal ont reçu la visite de la commission d’examen de gestion (CEG). Les entretiens ont notamment porté sur le déploiement de la réorganisation de l’église, la mise en œuvre du travail participatif et les instruments de mesure des progrès. Des postes ont-ils été réaffectés et si oui, lesquels ? Les personnes concernées ont-elles été repositionnées en tenant compte de leurs talents ? La créativité, la force de travail et l’enthousiasme des effectifs ont-elles augmenté? Si oui, à quoi le voit-on ?
Les conclusions de la CEG sont plutôt positives. Il règne généralement une bonne atmosphère de travail parmi le personnel et la réorganisation est partout en bonne voie, même si tout le monde n’avance pas à la même vitesse. Si certains secteurs sont déjà très avancés, comme la chancellerie de l’Église, d’autres cherchent encore leurs marques, selon la commission.
Pour alléger le travail du Conseil synodal, une conférence opérationnelle a été instaurée. « Ce n’est pas seulement un espace pour l’échange d’informations, mais aussi un instrument de prise de décisions », a précisé Kurt Zaugg. Cette nouvelle entité peut, par exemple, défendre le point de vue du personnel. Parmi ses premiers succès : la création d’un emploi à 50% pour la gestion du site internet, grâce à la réaffectation de pourcentages de postes. La refonte complète du site internet, qui s’est ajoutée aux affaires courantes, se révèle en effet très gourmande en ressources.
Virage numérique
La numérisation – autre grand chantier en cours – s’est ajoutée aux affaires courantes. En l’occurrence, le personnel est globalement à jour dans le traitement des priorités. Néanmoins, lors de la visite de la CEG, il est apparu que certains secteurs étaient surchargés et avaient besoin d’une aide extérieure. Les ressources humaines sont décrites en général comme à peine suffisantes. « Dès que la réorganisation sera bouclée, il conviendra de déterminer quelles tâches devront être abandonnées, faute de quoi les ressources pour l’innovation manqueront », a indiqué la CEG.
Aujourd’hui déjà, l’intelligence artificielle fait partie du quotidien des Églises réformées Berne-Jura-Soleure : plusieurs de ses services s’en servent régulièrement – mais avec réserve. Il leur semble en effet que l’intelligence artificielle appelle une réflexion sur les questions éthiques soulevée par son utilisation. En l’état, l’intervention humaine reste indispensable pour vérifier les contenus, et le potentiel d’allégement de la charge de travail est très discutable.
Séduire les jeunes
L’avenir de l’enseignement religieux figure également parmi les préoccupations majeures des Églises réformées Berne-Jura-Soleure. Le Synode a accepté la proposition d’inscrire, dans le règlement ecclésiastique, l’obligation contraignante de prévoir des activités destinées à la jeunesse (de 0 à 25 ans).
En fin de Synode, les délégués ont pris une autre décision qui devrait plaire au moins à une certaine frange de la jeunesse : reconnaître l’association Metal Church. Cette communauté assure une forme de présence ecclésiastique dans le milieu des adeptes du heavy metal. Elle propose par exemple des cultes suivis de concerts, une aumônerie lors de festivals de musique, ainsi que des rencontres intitulées « Bible, bière et métal » qui font le bonheur des « métalleux ». La voici maintenant rattachée à l’Union synodale. Dans le cadre d’un contrat de prestations, un crédit d’engagement annuel de 180'000 francs lui a été accordé pour couvrir ses dépenses périodiques.
Finances à flot
Question finances, le résultat du budget 2026 présente un excédent de charges de 2,8 millions de francs, dû en grande partie à la baisse des prestations financières du canton de Berne. Le recul des membres des Églises réformées Berne-Jura-Soleure (environ 8000 départs par année) a été intégré dans le plan financier 2027-2030. En tenant compte des effets de la révision de la loi sur les impôts d’ici deux ans, la baisse annuelle moyenne des contributions des paroisses se monte à 1,8 million de francs d’ici à la fin 2030.
Le Conseil synodal poursuivra ses efforts pour maintenir les finances à flot, notamment via la mise en œuvre des mesures de réorganisation et de numérisation inscrites à l’agenda. Dans le budget prévisionnel 2027-2030, les finances paraissent relativement équilibrées et les résultats de la planification redeviennent positifs dès 2029.
Enfin, la clé de répartition actuelle des contributions des Églises évangéliques réformées de Suisse (EERS) est sujette à débat. La solution privilégiée s’inspire du modèle de la péréquation financière. Si elle passait la rampe, les Églises nationales affichant une capacité économique élevée devraient participer davantage que les autres. Pour les Églises réformées Berne-Jura-Soleure, cela signifierait une augmentation des contributions.

